Extrait
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Andorre

Virgil Vernier

2013 - 20 minutes

France - Documentaire

Production : Kazak Productions

synopsis

Un centre commercial au milieu des montagnes, des pyramides de marchandises, une tour de verre dédiée aux soins du corps, Andorre fait miroiter les promesses du bonheur moderne. Mais lorsque la nuit arrive, les rues retombent dans le silence et Andorre ne brille plus que pour elle-même.

Virgil Vernier

Né en 1976, Virgil Vernier a d’abord étudié la philosophie, avant d’intégrer les Beaux-Arts de Paris. Sa carrière de réalisateur, mais aussi d’acteur parfois, réserve au court métrage une place de choix. Il aura installé son univers cinématographique dès 2001 et, après quelques premiers courts métrages, parmi lesquels Karine, il signe en 2009 Thermidor, où il met en scène un personnage excentrique regrettant l’époque de la chevalerie et de l’amour courtois.

En 2010, le documentaire Commissariat sort en salles, constituant le second volet d’un diptyque intitulé Flics et coréalisé avec Ilan Klipper, qui montre le face-à-face difficile entre la police et la population d’une petite ville de Normandie.

La même année, Vernier propose avec Pandore un documentaire sur les rapports de pouvoir à l’entrée d’une boîte de nuit. Le film est sélectionné par l'Acid à Cannes, au FID à Marseille, à Entrevues à Belfort et à Clermont-Ferrand. Il se voit également présélectionné dans la catégorie meilleur court métrage aux César 2012.

Orléans, distribué en 2012, est un moyen métrage de fiction d’une durée de 58 minutes, qui suit la rencontre de Joane et Sylvia, deux strip-teaseuses, pendant les célébrations des fêtes de Jeanne d’Arc. L’année suivante suit Andorre, court métrage documentaire quasiment dénué de dialogues ou de voix off, qui sera sélectionné au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

Son premier long métrage de fiction, Mercurialessort en 2014 et remporte le Prix de la découverte au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique.

En octobre 2018, Virgil Vernier fait son retour avec un deuxième long métrage, Sophia Antipolis, dont le cadre n’est autre que ce territoire coincé entre mer Méditerranée, forêts et montagnes.

Il revient avec succès au court métrage par le biais de Sapphire Crystal, qui remporte le Grand prix à Côté court, à Pantin, en 2020. Kindertotenlieder suit l'année suivante, entièrement constitué d'archives de journaux télévisés de TF1.

On voit alors Vernier en tant qu'acteur dans le moyen métrage Koban Louzoù de Brieux Schieb, puis il enchaîne avec un nouveau long métrage 100 000 000 000 000 / Cent mille milliards, ainsi qu'un documentaire de moyen métrage : Imperial Princess (2024).

Critique

Bienvenue à Andorre, destination singulière, entre station thermale et sport d'hiver. Dans ce documentaire d’une vingtaine de minutes, Virgil Vernier nous octroie une visite de choix de ses boutiques et ses activités. Avant le voyage, un aperçu des commentaires sur la principauté trouvés sur internet. “Tobacco, Alcoholic drinks, sport equipment, health and pharmaceutical products, perfumes, fashion, jewellery, electronics”, peut-on lire en lettres capitales noires sur un écran tout blanc. Une liste qui pourrait presque faire office de table des matières pour nous guider dans les rues d’Andorre.

Première étape : la douane. Juste après – ironiquement – un magasin qui semble vendre à peu près tout en quantité astronomique, des paquets de cigarettes aux ours en peluches. Des plans lents et longs nous présentent des rayonnages et des rayonnages de Marlboro, Camel, Gauloise. Une infinité de cigarettes présentée presque religieusement. La musique contribue à cette impression. Un motif inquiétant et stressant résonne infiniment sur un thème aux notes légères, comme si ces images devaient nous faire peur et plaisir à la fois.

C’est la force du réalisateur, il réussit à faire correspondre une atmosphère aux différents endroits de la principauté. Sans clairement indiquer au spectateur quoi penser, il constate simplement et se fait oublier derrière la caméra. L’environnement ne réagit pas du tout à sa présence et il semble que le film se tourne tout seul. Il nous place dans la peau d’un touriste qui observerait de très près les enseignes et les paysages. Son regard légèrement cynique s’attarde sur des publicités et semble transmettre l’oisiveté et la langueur du luxe dans une séquence à la limite de l’onirique.

Le réalisateur n’en oublie pas pour autant la réalité concrète du lieu, ses mémoires, ses habitants. Il mêle passé, présent et avenir en demandant à une jeune femme d’expliquer une sculpture. Cette voix, qui est la seule du film, ressort comme un appel à l’aide, le désir de sortir de cette apesanteur transcrite à l'écran. Le montage trace un parallèle entre une maquette et son équivalent grandeur nature. La musique nous submerge dans une acoustique aquatique. On nous présente ainsi les pistes de ski et la station thermale comme des lieux hors du temps et de l’espace, où les gens vivent de jour comme de nuit, où le loisir et l’argent auraient plongé les hommes dans un demi-sommeil.

On finit le séjour en repassant par la douane, la tête pleine d’images et de souvenirs. Dernier coup d’oeil sur les thermes, puis nous partons sans regret.

Anne-Capucine Blot

Réalisation et scénario : Virgil Vernier. Image : Jordane Chouzenoux. Montage : Raphaëlle Martin-Holger. Son : Julien Sicart, Raphaëlle Martin-Holger et Simon Apostolou. Musique originale : James Ferraro. Production : Kazak Productions.

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