Extrait
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Airhostess-737

Thanasis Neofotistos

2022 - 16 minutes

Grèce - Fiction

Production : Argonauts Productions, Atalante Productions, Cosmote TV

synopsis

À bord d’un Boeing 737 transportant le corps de sa mère vers sa ville natale, Vanina, hôtesse de l’air, reste convaincue que son malaise ne tient qu’à son nouvel appareil dentaire.

Thanasis Neofotistos

Né à Athènes, Thanasis Neofotistos est un réalisateur, scénariste et architecte grec. 

Son premier court métrage, Greek School Prayer (2014), a été sélectionné dans une cinquantaine de festivals internationaux, et a reçu le prix du Meilleur film grec au Drama Short Film Festival en 2014.

Son troisième film, Patision Avenue (2018), a été présenté en avant-première à la 75e Mostra de Venise, avant de remporter trois prix au Festival de Clermont-Ferrand en 2019. Son suivant, Route-3, présenté pour sa part en première mondiale au TIFF en 2019, a aussi été sélectionné à Clermont-Ferrand en 2020. 

Airhostess-737, son film le plus récent, a remporté le Prix Iris du meilleur court métrage en 2023 et fait partie du programme des Nuits en Or cette année.

Il développe actuellement deux projets de long métrage : The Boy with the Light-Blue Eyes et Wild Boars.

Critique

Une hôtesse de l’air passe le voyage à se remaquiller et à tenter de sourire le moins possible afin de masquer son nouvel appareil dentaire, qu’elle rend responsable de tous ses maux. Tandis que les turbulences deviennent de plus en plus menaçantes, on finit par apprendre que l’avion transporte le corps de sa mère. 

Sélectionné dans de nombreux festivals, parmi lesquels ceux de Clermont-Ferrand et de Sundance ; couronné du Grand prix Canal+ à L’Étrange festival en 2022, Airhostess-737 clôt un triptyque autobiographique pour le réalisateur grec Thanasis Neofotistos, après Patison Avenue (2018) et Route 3 (2019). 

Dans ces trois films, Neofotistos épouse une mise en scène vissée à ses personnages principaux : un cadre fermé, angoissant, asphyxiant. L’épigraphe jetée en pâture au cours du générique de début d’Airhostess-737 affirme qu’il a été conçu comme un rêve. Plutôt un cauchemar, soutiendront ceux qui ont vu le film. Mais Neofotistos le dit et il faut le croire. Et tout ce qui s’y déroule est entièrement onirique, métaphorique. 

Ainsi le périple épique en avion, petit frère du train fantôme des foires foraines, taquine nos angoisses les plus sourdes. Celle liée à l’apparence physique : angoisse de la défiguration, du sourire contraint, des dents arrachées ; angoisse de la perte du contrôle et de la mort, aurait dit un psychanalyste. Et puis, celle liée à l’espace : le décor de l’avion redouble à chaque plan cette autre angoisse suscitée par la mise en scène, qui est celle de la claustration, de la mise en bière, de la mise sous terre avec l’avion en guise de cercueil, au propre comme au figuré. 

Évidemment, vu sous cet angle, Airhostess-737 a plutôt tout d’une montée aux enfers. D’ailleurs son personnage d’hôtesse de l'air, enlaidie et quasi défigurée par des surcouches de maquillage, paraît difforme, monstrueux. Mais cette monstruosité n’est pas seulement ou pas simplement là pour faire contrepied au stéréotype de la fonction : elle est la base à partir de laquelle s’ébauche une espèce de trip dans un inconscient blessé et troublé. Nous sommes moins dans le grand guignol punk provocateur que dans une espèce de cinéma queer du renversement des symboles comme de la dramaturgie. En ramassant les déchets des voyageurs, Vanina va donc passer sur le divan pour dévoiler toutes les turbulences de sa misérable vie et, coup de théâtre, révéler la présence dans l’avion du cercueil de sa mère. C’est tout autant la tragédie des monstres que le mélodrame dilué dans de kilos d’effets spéciaux. In fine, l’ascension vers les cieux permet la rencontre avec Dieu. En passant à travers un tunnel de voiles placentaires, Vanina va renaître – oui, oui, nous avons dit renaître – pour se trouver comme dans un conte de fée, telle une princesse de chez Disney, délivrée-libérée-réconciliée avec la mort de sa mère et avec sa vie, ici sur terre. 

Donald James 

Réalisation : Thanasis Neofotistos. Scénario : Thanasis Neofotistos et Grigoris Skarakis. Image : Giannis Fotou. Montage : Panos Angelopoulos. Son : Stelios Koupetoris et Alexis Koukias-Pantelis. Musique originale : Lefteris Samson. Interprétation : Lena Papaligoura, Konstantina Koutsonasiou et Haris Alexiou. Production : Argonauts Productions, Atalante Productions et Cosmote TV.

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