
2013 - 12 minutes
France - Fiction
Production : Origine films
synopsis
De nos jours, à Tristan da Cunha. 270 personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l’océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours et sont amoureux depuis l’enfance. Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à 6 152 miles de Tristan.
biographie
Adriano Valerio
Né en 1977 à Milan (Italie), Adriano Valerio y étudie la jurisprudence – à l’Université nationale, où il rédige une thèse sur crime d’état et outrage religieux dans le cinéma italien, avant de suivre des études de cinéma sous la direction de Marco Bellocchio.
Il finit par s’installer à Paris où il suit un Master en Beaux-Arts à l’École internationale de création udiovisuelle et de réalisation (EICAR). Il y enseigne désormais la réalisation et l’analyse de films.
Il est collaborateur de l’Institut Marangoni, de l’Académie libanaise des Beaux-arts de Beyrouth, ainsi que de l’Institut culturel italien de Paris et a participé au Talent Campus de la Berlinale et à l’Académie du Festival de Locarno.
En 2013, son court métrage 37°4 S remporte la Mention spéciale du jury au Festival de Cannes. Il reçoit également en 2016 une mention spéciale au Festival de Venise avec Agosto.
Il passe en parallèle au long métrage avec Banat, présenté à la Semaine de la critique et à Venise, obtenant une nomination aux David de Donatello en tant que meilleur réalisateur émergent.
Depuis, il poursuit sur le format du court métrage avec, notamment, Mon amour, mon ami (2017), Les aigles de Carthage (2020), The Nightwalk (2021) et Calcutta 4 : 10 AM (2022).
En 2023 sort son second long métrage, Casablanca, qui poursuit le récit de Mon amour, mon ami autour de la relation de Fouad, immigré marocain en Italie, et Daniela, ex-toxicomane. Il développe ensuite un nouveau projet avec Films Grand Huit : Une famille parfaite.
Critique
37°4 S, sixième court métrage d’Adriano Valerio, mention spéciale du jury au Festival de Cannes, met en scène deux adolescents de seize ans sur une île perdue au milieu de l’Atlantique Sud : Tristan da Cunha. Nick et Anne s’aiment, mais un drame approche, car Anne va quitter l’île pour Londres, à plus de 9 000 kilomètres de là.
Ce qui frappe, dès les premières secondes du film, c’est son côté abstrait. Adriano Valerio filme des paysages immenses, mais vides, semblables à des cartes postales. Parfois sur plusieurs plans d’affilée, la seule présence humaine est la voix off de Nick qui raconte sa vie et sa tristesse sous une forme qui s’apparente à celle d’un journal intime. Dès lors, pour le spectateur, il n’y a plus, dans ces étendues inconnues, que Nick qui compte. Il dresse son autoportrait, celui d’Anne, mais aussi celui de ces grands-pères et de ce à quoi peut ressembler la vie sur cette île peuplée de 270 âmes, traversée par une unique route et reliée au continent par un seul bateau qui ne passe qu’une fois par mois. Nick égrène sans cesse les tailles, les distances, comme pour mettre en évidence l’opposition entre l’immensité du paysage et le sentiment d’enfermement qu’ils ressentent ; mais aussi pour tenter d’amoindrir les distances : la route de l’île fait 2,9 kilomètres, Anne va partir à 9 000 kilomètres, alors Nick marche. La musique et la voix off de Nick tentent de remplir l’immensité des espaces de l’île, de sa tristesse. Nick apparaît soudain semblable à tous les adolescents, traversé par les mêmes préoccupations et questionnements quant à son avenir et à sa relation avec celle qu’il aime. Là encore, Adriano Valerio réduit la distance en rapprochant Nick des autres jeunes hommes de son âge à travers le monde. Il concentre tout l’univers sur ce petit lopin de terre.
37°4 S est un film contemplatif et mélancolique qui exprime, par associations d’idées et métaphores visuelles, la peur de l’absence et l’angoisse de grandir. C’est un portrait de cette île perdue et inconnue, une invitation au voyage. C’est un éloge de la lenteur. C’est une fable sur l’homme et la nature. C’est une pause dans le tourbillon de la vie.
Cécile Guthleben
Texte paru dans Bref n°110, 2014.
Réalisation et scénario : Adriano Valerio. Image : Adriano Valerio, Loran Bonnardot. Montage : Claire Aubinais. Son : Nathalie Lamothe et Julie Tribout. Musique originale : Romain Trouillet. Interprétation : Riaan Repetto, Natalie Swain, Harold Green et Edwin Glass. Production : Origine films.