En salles 25/10/2017

Une claque signée Macaigne

“Ce qu’il restera de nous” avait ébranlé le lanterneau du court il y a cinq ans, “Pour le réconfort”, qui sort le 25 octobre, enfonce le clou à son tour. Ce Macaigne n’est décidément pas tout à fait comme les autres...

Présenté par l’Acid à Cannes au mois de mai dernier, Pour le réconfort est un film qui déborde de bruit et de fureur, ce qui n’étonnera nullement ceux qui connaissent Ce qu’il restera de nous, moyen métrage de Vincent Macaigne multi-primé en 2012 (citons le Grand prix national du Festival de Clermont-Ferrand). Dans les deux films, on crie, on gueule, on hurle, on vocifère. On s’insulte copieusement aussi. Entre frères, entre amoureux, entre copains de toujours. Et on “dit de la merde”, dixit les personnages-cocottes minute mis en scène. Plusieurs doubles triangles possibles répondent ainsi, dans Pour le réconfort, à celui de Ce qu’il restera de nous. À chaque fois, le réalisateur a choisi de ne pas apparaître comme acteur dans son film, alors qu’il a, depuis quelques années, marqué de son empreinte les écrans en créant ce qui est devenu un personnage emblématique, volontiers loser et geignard, embarqué dans de sempiternelles et piteuses aventures sentimentales. Pourtant, s’il n’apparaît pas à l’image dans ses propres films, Macaigne y est omniprésent. Certains de ses anti-héros sont rien moins que ses clones, jusque dans la diction, comme le Thibault de Ce qu’il restera de nous ou le Laurent de Pour le réconfort.

Surtout, sa personnalité de cinéaste s’exprime dans des scènes paroxystiques souvent tournées en longs plans-séquences exigeant énormément de sa petite bande de comédiens-amis (différente d’un film à l’autre, à l’exception de Laure Calamy, qui n’a certes qu’un second rôle dans le long). De vrais morceaux de bravoure jaillissent de cette démarche, brute et sophistiquée à la fois. On pense au monologue de Laure s’égosillant contre son compagnon, le visage écarlate de rouge à lèvres étalé (en cousine de Pierrot le fou ?), en rase campagne dans le moyen métrage, ou, cette fois, à la violente charge de Manu contre ses anciens amis d’enfance Pauline et Pascal, ces “sales bourgeois” qu’il égorgerait volontiers maintenant qu’ils sont devenus adultes et pas forcément responsables...

L’air de rien, c’est un portrait de l’époque sacrément secouant qui nous est offert pour 500 euros (le coût de son film, selon Macaigne), dans sa réinterprétation de la lutte des classes comme d’un saignant petit théâtre des liens familiaux ou d’“amitié”, avec tous les guillemets qu’on peut y apposer.

Christophe Chauville

Filmographie court métrage de Vincent Macaigne
Ce qu'il restera de nous (2011, 40 min)