En salles 05/04/2018

Toy Story à la pragoise

Malavida sort cette semaine, à l’attention des plus jeunes, "La révolte des jouets”, autrement dit un fleuron indémodable de l’animation de l’ex-Tchécoslovaquie.

On aurait plutôt misé sur la période de Noël pour voir débouler ce très joli programme d'une trentaine de minutes, notamment pour l'ambiance féérique véhiculée par L'aventure de minuit, de Bretislav Pojar (photo en bas de l'article), mais qu'importe finalement la période de sortie de cet emballant triptyque... Cette aventure, qui se place en son cœur et qui date de 1960, manifeste une impressionnante maîtrise en matière de stop-motion pour narrer l'aventure d'un petit train de bois relégué par un congénère électrique et retrouvant – ouf ! – toute sa place auprès de son chef de gare favori en faisant preuve d'un courage inouï... On suppose que Nick Park connaissait ce classique de très près avant de lancer Wallace et Gromit dans leur folle aventure ferroviaire de The Wrong Trousers, tout en se demandant également si l'énorme locomotive à étoile rouge manquant d'écraser impitoyablement tout ce petit monde ne prend pas une lecture politique possible au moment de l'écrasant poids exercé par Moscou sur les “pays frères” coincés derrière le rideau de fer... Le printemps de Prague ne surviendrait, après tout, que huit ans plus tard...


Juste avant et à la suite de ce chef-d'œuvre étincelant et coloré prennent place deux autres œuvres d'équivalente grande qualité, en noir et blanc et signées d'Hermina Tyrlova : La berceuse et La révolte des jouets. Toutes deux ont été finalisés en 1946, donc dans l'immédiate après-guerre et toutes deux mélangent prises de vues réelles – et personnages en chair et en os – avec des animations de marionnettes, également des jouets souvent irrésistibles, comme ce mignon pantin de bois amusant bébé dans La berceuse (photo ci-contre). Le brio de la technique profite de la dynamique de la narration, enlevée et trouvant un reflet idéal dans les compositions musicales originales proposées.

La révolte des jouets (photo de bandeau) met pour sa part en scène un “méchant monsieur”, comme le dit la voix-off – à nouveau une belle réussite au sein de ce programme, selon la bonne habitude prise par Malavida désormais. On ne saurait mieux dire, car ce sinistre personnage est carrément un memebre de la Waffen SS, avide de destructions et qui ne sait pas à qui il s'en prend en entrant dans la boutique de joujoux d'un Gepetto tchèque, bientôt réunis dans une résistance intrépide et diablement efficace. Jouissif, quel que soit l'âge du spectateur, donc...

Christophe Chauville

Des ressources téléchargeables, dont un dossier pédagogique, sont à retrouver sur le site du distributeur.​​​​​​​
Photos : © Malavida.