Ça roule, et très vite, pour Éric Judor...
Parmi les sorties du 25 juillet, le premier long métrage de Julien Guetta, “Roulez jeunesse”, constitue une réussite, à voir en lien avec “Les ventres vides” sur notre site.
Pour qui connaît les courts métrages de Julien Guetta, la première partie de Roulez jeunesse – dont on pourra trouver le titre pas franchement inspiré (et l’affiche du film itou) – est susceptible de surprendre. C’est en effet un registre de comédie débridée, où les rebondissements s’enchaînent sur un rythme ultra-rapide, qui emporte son personnage principal, Alex, quadragénaire vivant encore “à côté de sa mère” et travaillant dans sa société de remorquage routier. Ayant rencontré une conductrice aussi sexy qu’inconséquente, il se retrouve au matin d’une nuit brumeuse avec plusieurs lardons sur le dos, la belle ayant joué les filles de l’air… Sur un tel postulat, le génie d’Éric Judor peut se déployer, même si on l’a très peu vu pour l’heure dans ce type d’exercice, davantage d’émotion pointant au fur et à mesure que la drôlerie s’estompe pour cerner des enjeux plus intimes.
Le thème de la paternité de la filiation surgit alors, si cher à Julien Guetta qu’il affleure à la fois au fil du Vacant, des Ventres vides et de Lana Del Roy. Le premier, dominé par une performance de haut vol de l’un des grands acteurs du cinéma français, le solide Jean-François Stévenin, plaçait aussi son personnage face à une situation nouvelle, donc à l’inconnu et à un vide ouvert sous ses pieds, celui de la fin d’une activité professionnelle et du temps à remplir. En allant au cinéma, en séduisant une jeune caissière, en projetant d’ouvrir une armurerie… Le lien père/fils – le “vacant” vivait avec les deux siens – se retrouvait ensuite au cœur des Ventres vides, enraciné au cœur d’une communauté juive parisienne, et de Lana Del Roy, dont le scénario plutôt malin mettait un adolescent face à un souci imprévu : la nouvelle fiancée de son père, fleuriste de sa petite ville de province, avait mené auparavant une longue carrière dans le cinéma X, ce qu’il est désormais évidemment impossible de dissimuler… Avec Roulez jeunesse, Julien Guetta explore d’autres directions, à la folie parfois échevelée, un qualificatif qui convient particulièrement à la coupe “afro” inédite de Laure Calamy, une fois de plus mémorable en assistante sociale autoritaire et revancharde. Et très drôle, elle aussi…
Christophe Chauville
Filmographie courts métrages de Julien Guetta
Errances (2003, 10 min)
Le vacant (2007, 28 min)
Le carré des indigents (2009, 32 min)
Les ventres vides (2010, 20 min)
Mémère (2011, 28 min)
Lana Del Roy (2015, 25 min)