Cahier critique 29/03/2017

"Petite lumière" d’Alain Gomis

Un conte enchanté sous le soleil de Dakar, à découvrir pour la sortie en salles de “Félicité”.

Un matin, une petite fille, Fatima, se demande si la lumière du frigo reste allumée quand la porte est fermée. Elle découvre que non. C'est donc qu'on peut décider que la lumière soit. À partir de là, elle considère que le monde doit être tel qu'elle l'imagine. L'expérience fondamentale du frigo confirme son tempérament rêveur et sa mégalomanie d'enfant-créateur. Elle est la reine du monde et doute fort qu'il n'ait jamais existé avant elle.

Mais Fatima se heurte à sa famille. Aux proches qui vous rappellent toujours que vous n'êtes pas seul. Elle s'en échappe par ses promenades dans Dakar et par ses rêveries. Elle observe son monde, qu'elle découvre avec enchantement. Tout paraît neuf sous son regard. Même jouer aux boules fait songer alors au Big Bang.

Petite lumière est presque sans paroles. Par un travail précis du rythme des images et des sons, ce film parcourt le chemin intérieur de son héroïne. La délicatesse du montage et l'attachement à des éléments fondamentaux de cinéma font oublier l'impression de déjà-vu qu'aurait pu donner ce conte philosophique.

François Bonenfant

Article paru dans Bref n°58, 2003.

Réalisation et scénario : Alain Gomis. Image : Aurélien Devaux. Montage : Fabrice Rouaud. Son : Alioune Mbow, Bruno Reiland et Fabrice Conesa Alcoléa. Musique : Patrice Gomis et Constance Barres. Décors : Rackie Diankha. Interprétation : Assy Fall, Djolof Mbengue, Thierno Ndiaye, Awa Mbaye, Fatou Diouf et Coumba Diamanka. Production : Mille et Une Productions.