“Rêves de jeunesse” : Alain Raoust est de retour
Il a ouvert la sélection cannoise de l’Acid avec “Rêves de jeunesse” : Alain Raoust revient, 12 ans après “L’été indien”.
Il est des retrouvailles qui, vraiment, font plaisir et c'est éminemment le cas en voyant Alain Raoust revenir à la réalisation – sans l'avoir toutefois tout à fait délaissée, même s'il se consacrait principalement à l'enseignement depuis quelques années, en animant un atelier à l'Université Paris-8. Mais on se souvient surtout qu'avant de s'essayer au long métrage – avec La cage (2002), primé à Locarno, puis L'été indien (2007) –, le cinéaste avait débuté dans le cinéma expérimental, au début des années 1990, à la faveur de plusieurs courts et moyens métrages, dont La fosse commune (1990) et Muette est la girouette (1994), une lettre ouverte à Florence Rey, emprisonnée à la suite d'un fait divers ayant à l'époque défrayé la chronique, qui consistait en un plan-séquence assez frappant, sur lequel s'égrenait le texte en voix off. Son moyen métrage La vie sauve avait ensuite remporté le Grand prix à Côté court, à Pantin, en 1997, directement inspiré par les événements alors tout frais de la guerre en ex-Yougoslavie.
Ce qui frappe en découvrant Rêves de jeunesse, c'est que Raoust n'a, sans doute, rien perdu des siens et, à la cinquantaine passée, son nouveau film a toujours les atours d'une approche juvénile, volontiers rebelle, attachée à ne pas se soumettre ou à entrer dans quelques clous – sociaux et politiques, aussi – que ce soit. Son héroïne, Salomé – Salomé Richard, excellente – est de retour pour un job d'été dans la région où elle a grandi et vécu une adolescence dissipée, avec un amoureux qu'elle a quitté et dont elle apprend le récent décès dans une ZAD où il manifestait... Comme il est décidément souvent question de retrouvailles avec Alain Raoust (voir La vie sauve ou L'été indien), celui-ci filme les Alpes de Haute-Provence de son enfance, inondées de soleil, avec leurs reliefs et leurs lacs limpides. Tonique dans le style – signalons l'irruption tonitruante d'un personnage de participante à un jeu de télé-réalité, incarné par une jeune actrice survoltée, qui rappelle les apparitions de Rona Hartner chez Tony Gatlif jadis –, le film se fait émouvant lorsque resurgissent certains fantômes du passé . Et si Salomé vient bosser dans une déchetterie, l'idée du recyclage émerge clairement et une possible vie nouvelle se profile... Forcément, on y reviendra lorsque ce film diffusé par l'Acid à Cannes sortira dans les salles, au mois d'août, distribué par Shellac.
Christophe Chauville
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