Le palmarès du Mobile Film Festival 2020
Le jury du Mobile Film Festival, présidé cette année par Agnès Jaoui, a désigné récemment les lauréats de cette édition placée sous le signe du “Women’s Empowerment”.
C'est un film britannique, sans dialogue et en noir et blanc – Career Path d'Alisa Tritenko – qui a remporté le Grand prix international, doté d'une bourse de 20 000 euros destinés à réaliser un autre film à venir. Blocages dans le monde du travail et vertus de la sororité pour y remédier y sont convoqués, en une minute (selon le principe même, désormais bien connu, de l'opération).
Même dotation pour le Grand prix France, qui est revenu à une œuvre d'animation en papiers découpés, tout à fait réjouissante avec sa voix off ironique : Une nouvelle page, de Christabel Desbordes et Benjamin Clavel.
Le “Coup de cœur du jury” est allé à une œuvre maniant elle aussi l'ironie sur ces thématiques qui touchent au regard porté sur les femmes et les différences de traitement selon les sexes, à travers #Freethenipples de Florence Fauquet. Cette dernière est rôdée au format, puisqu'elle avait reçu le Prix de la mise en scène au Nikon Film Festival en 2017, pour son propre film Je suis à l'endroit, et le Prix d'interprétation féminine du Mobile Film Festival de l'année dernière, pour Tout va bien de Matthieu Boivineau. Et comme il est question de “libérer les tétons”, un message d'avertissement de YouTube s'affiche illico ci-dessous, il faut bien que le serpent se morde la queue !
Pour le Prix du public, c'est Après vous de Lionel Nakache (photo de bandeau) qui a rallié les suffrages, jouant sur un quiproquo toujours efficace et mettant en lumière son excellente comédienne Gaëla Le Devehat, visage familier de la production télévisuelle française et que l'on avait découverte en 1999 dans un long métrage de John Lvoff : Les infortunes de la beauté.
Néanmoins, le Prix d'interprétation féminine, a été décerné à Kuyu Tuyaw, jeune interprète de Not Your Tropical Girl, œuvre venue de Taïwan et signée Limuy Asien, avec pas mal d'énergie à revendre…
Du côté de l'interprétation masculine a été distingué Samuel Roger pour Il était une fois de Thibault Castan, où l'acteur donne la réplique à une gamine (un peu) surprenante, à travers un conte de notre époque.
Pour sa mise en scène, le film iranien Le mur de Farideh Naderi a été récompensé, se passant de dialogues pour mieux évoquer une injustice de plus dans la latitude différente laissée aux garçons et aux filles sur cette planète, quels que soient les continents.
Autre court métrage venu de loin, The Bride de Forinclay Ejeh (Nigéria) s'est vu attribuer le Prix du scénario. La question toujours cruciale du fléau des mariages forcés y est abordée frontalement.
Enfin, le Prix de L'Extra Court, dispositif d'avant-séance de L'Agence du court métrage, permettra à moyen terme de voir son lauréat dans les salles abonnées avant certains longs métrages, à savoir le sensible court portugais From Maria d'Ana Moreira.
Rappelons qu'au sein de cette 16e édition du festival, les 9 lauréats émergent d'un corpus de 1 130 films parvenus, provenant de 101 pays, pour 57% de réalisatrices, ce qui représente à la fois un record de participation, d'origines géographiques représentées et de pourcentage de femmes aux commandes, soit la meilleure des nouvelles en ces temps moroses.
Christophe Chauville
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