Disparitions : Alain Jessua & Matthieu Poirot-Delpech
Le carnet noir de la semaine écoulée aura associé les noms d’un cinéaste culte des années 1970-80 et d’un chef-opérateur apprécié de toute une génération de jeunes réalisateurs, celle de l’âge d’or du court français dans les années 1990.
Alain Jessua, né le 16 janvier 1932 à Paris, est décédé jeudi dernier, le 30 novembre 2017, à Évreux. Célèbre et particulièrement révéré par le cercle de ses aficionados pour Traitement de choc, Armaguedon ou le visionnaire et effrayant Les chiens, qui oscillaient entre thriller et fantastique, il avait dirigé les plus grandes stars du cinéma français de l'époque, d'Alain Delon à Gérad Depardieu, en passant par Annie Girardot, Jean Yanne, Patrick Dewaere, Jacques Dutronc, Michel Serrault, Nathalie Baye ou Jean Rochefort.
On se rappelle moins qu'il avait débuté lui aussi avec un court métrage, Léon la lune (photos de bandeau et ci-contre), une fiction de 16 minutes sur un clodo de Paname, portée par un “commentaire” (sic) signé Prévert qui avait reçu en 1957 rien moins que le Prix Jean-Vigo du court métrage, au palmarès duquel il succédait à Nuit et brouillard d'Alain Resnais. Son dernier film restera Les couleurs du diable, en 1997, il y a tout juste vingt ans.
Une très vive émotion a accueilli également la nouvelle de la mort de Matthieu Poirot-Delpech (photo ci-contre, © Stone Design), le 25 novembre dernier, à l'âge de cinquante-huit ans seulement. Ancien élève de l'Idhec, professeur à la Fémis, le fils de l'écrivain et académicien Bertrand Poirot-Delpech (auteur, notamment de L'été 36) avait travaillé comme chef-opérateur de tous les films d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau, mais aussi avec Laurent Cantet (Ressources humaines), Mathieu Amalric (Mange ta soupe), Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien), Sam Karmann (À la petite semaine, La vérité ou presque), entre beaucoup d'autres. Il avait aussi fait bénéficier de ses compétences et de son talent de nombreux courts métrages restés dans les mémoires, parmi lesquels on citera Le jour du bac (1992) et Soyons amis ! (1996) de Thomas Bardinet, Le silence de l'été de Véronique Aubouy (1993), Un goût d'herbe fraîche (1994) et La tentation de l'innocence (1999) de Fabienne Godet, Une belle nuit de fête de Lionel Epp (1996) ou encore Rue bleue de Chad Chenouga (1999).
Il avait lui-même réalisé deux films courts en 1995 : (Sic) et le joyeux et chorégraphié Les enfants s'ennuient le dimanche, cosigné avec Sophie Perez et Laura Scozzi, qui avait concouru en compétition officielle au Festival de Cannes cette année-là. Son dernier film en tant que directeur de la photographie, Je vais mieux de Jean-Pierre Améris, sortira le 10 janvier 2018.
Christophe Chauville