News 29/02/2020

César 2020 : année de plomb avant année zéro ?

La 45e Nuit des César ne demeurera pas dans les annales, ou plutôt si, hélas, et pas pour la meilleure des raisons…

Des César 2020, quoiqu'on dise, ne restera qu'une image et une seule : le nom de Roman Polanski lâché par Emmanuelle Bercot, sur la scène de Pleyel, comme lauréat de la statuette de la meilleure réalisation – c'est sa cinquième – et Adèle Haenel quittant la salle, suivie de Céline Sciamma, avec ces deux mots sur les lèvres : “La honte…” Le malaise est profond dans les travées, le fait que les membres de l'Académie aient majoritairement fait un tel choix étant évidemment tout sauf fortuit, et il semble bien difficile de minimiser ce qui s'est produit ce samedi soir. Il y avait pourtant moyen de faire autrement, via le choix de Céline Sciamma, justement (pas seulement emblématique, mais possiblement justifié d'un point de vue artistique), sinon celui de François Ozon (dont on se demande d'ailleurs ce qu'il doit faire pour décrocher un jour le trophée…) ou d'Arnaud Desplechin.

En regard de ce tellurique instant, le reste de cette curieuse soirée, où les (nombreux) ratés et instants gênants ont semblé résonner davantage que d'habitude, apparaît presque dérisoire. On en oublierait que Les Misérables de Ladj Ly a gagné le titre de meilleur film de l'année (quoique le point de règlement de l'Académie empêchant le cumul film/réalisation insinue un doute sur l'ordre réel d'arrivée dans la catégorie…) et que J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, élu meilleur film d'animation pour le long métrage, avec à la clé une intervention en tous points parfaite du réalisateur, a remporté aussi le César de la musique originale (remis à Dan Levy), ce qui est une première pour une production d'animation, l'exploit n'est pas mince.

 

 

 

 

 


Avant le séisme, les prix pour les courts métrages avaient été remis, introduits de façon toujours aussi foireusement révélatrice : un quiproquo autour du mot “animation” (avec un sketch néanmoins assez drôle en soi) et une allusion à la taille de l'ancien Robin des Bois Maurice Barthélemy pour le court “global”. Et sur la ligne d'arrivée, ce sont La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel (visuels de bandeau et ci-dessous à gauche) et Pile poil de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller (photo ci-dessous à droite) qui ont eu une tête d'avance sur leurs challengers, qui avaient tous raisonnablement leur chance. Pour le premier, on peut considérer que l'injustice de la non-nomination de Yùl et le serpent, il y a quatre ans, est ainsi réparée, tandis que le succès des seconds prouve combien le rire et la comédie restent prisés des votants d'un point de vue général. On notera au passage l'évocation, assez inhabituelle dans un tel cadre, de l'importance des festivals de courts métrages dans le discours de remerciement d'Yvonnick Muller, citant notamment le Festival du cout métrage d'humour de Meudon et Paris Courts devant.

 

 

 

 

 

Et maintenant ? Qu'est-ce qui changera après cette cérémonie de fin de cycle (qui sentait carrément le sapin, il faut bien le reconnaître) ? Un début de réponse doit être apporté dès les prochaines semaines, cela semble impératif et nous nous en ferons naturellement l'écho ici.

Christophe Chauville

À voir :

- La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel, en ligne sur Brefcinema pendant encore 12 jours.

- Les Misérables de Ladj Ly, le court métrage, toujours disponible sur notre plateforme.

À lire aussi :

- Ladj Ly du court au long avec Les Misérables.

- J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin.