Brive à Paris : le palmarès 2018
Comme chaque année, L’Archipel accueille la reprise parisienne du Festival de cinéma de Brive, durant trois soirées et autant de (doubles ou même triple) séances, les dimanche 22, lundi 23 et mardi 24 avril.
Les projections se feront en présence de la déléguée générale de ce festival intégralement dédié au moyen métrage, Elsa Charbit, et des équipes des films présentés, qui figurent tous au palmarès de la manifestation qui s’est récemment tenue pour la quinzième fois. Ouverture en fanfare dimanche à 20h avec le Grand prix 2018, Rémy de Guillaume Lillo, dont on est obligé de ne pas “spoiler” le principe et qui construit en tout cas son récit de manière fort originale et souvent étonnante, même pour les habitués du format. Précisons que le jury des jeunes lui a aussi remis son prix.
Il sera suivi de Cross, d’Idir Serghine (photo ci-contre), à la réalisation rigoureuse, et même classique au sens noble du terme, autour d’un triangle amoureux et sur fond de courses motocyclistes et de sexcams. On y retrouve notamment les excellents Damien Bonnard et Finnegan Oldfield, visages familiers du court métrage. Le film, qui a obtenu une mention du jury de la distribution, apparaît plus convaincant que le troisième du programme, Marlowe Drive, d’Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’Helgoac’h. Ayant reçu pour sa part la mention spéciale du jury jeunes, il nécessite en effet, sans doute, d’appartenir à cette génération biberonnée aux images de jeux vidéo et aux avatars de mondes virtuels pour permettre d'en suivre le fil…
Le lendemain à 20h également, Hanne et la fête nationale de Guillaume Brac, l’un des deux volets de ses Contes de juillet (photo ci-contre), entraînera sur un style délibérément rohmérien jusqu’à la Cité universitaire de Paris, là où l’Américaine Nadja résidait jadis dans un court métrage du maître, et pour une balade à travers la capitale au soir des bals et des pétards du 14 juillet, en compagnie de personnages parfois farfelus et toujours attachants, jusqu’à un dénouement aussi inattendu que bouleversant. Un entretien avec le réalisateur en dit davantage sur l’expérience dans le numéro 123 de Bref, disponible à partir de la mi-mai. La même séance permettra de découvrir le documentaire Derniers jours à Shibati d’Hendrick Dusollier, dont on est content de retrouver la trace et qui poursuit en un sens le travail commencé avec Obras sur la destruction d’aires urbaines roches d’histoires, en allant cette fois à plusieurs reprises filmer en Chine un quartier populaire et ses habitants. En suivant quelques-uns – une vieille femme ramassant les déchets, un coiffeur de rue, un gamin effronté – sur une durée assez étendue (le film fait 59 minutes), il nous les rend extraordinairement attachants et son propos prend une chair particulière. Le Prix du jury, le Prix du public et le Prix de la distribution lui sont revenus à Brive, pour un imposant triplé.
Le mardi soir, l'estival et décapant Déter de Vincent Weber, lauréat du Grand prix Ciné+ (photo ci-contre), déjà remarqué dans plusieurs festivals, sera projeté avant Coqueluche, le nouvel opus du jeune – il est né en 1994 – Aurélien Peyre, qui confirme toutes les promesses de La bande à Juliette, déjà primé en son temps à Brive. Cette fois, son personnage principal est une bimbo au grand cœur, Laurine, qu’un étudiant ballot ramène en vacances dans sa famille en Bretagne, provoquant des réactions contrastées face à la jeune fille court vêtue et aux tenues colorées, sans même parler de sa nature un rien maniérée et de sa franchise à toute épreuve, ou presque... On a un peu de mal à croire, au début, à ce couple principal, mais on sourit souvent, et cela n’est finalement pas si fréquent en matière de moyen métrage.
Pour tout le détail des séances, on se reportera au site de L'Archipel.
Christophe Chauville