En salles 09/09/2020

Un premier long maîtrisé et émouvant : “Sole” de Carlo Sironi

Distingué de l’Antigone d’or lors de l’édition 2019 de Cinemed, à Montpellier, l’Italien “Sole” arrive sur les écrans de l’Hexagone à partir du 9 septembre.

C'est l'un des nombreux films dont la sortie avait été initialement prévue au printemps et que la crise sanitaire a décalée jusqu'à cette rentrée. On se félicite qu'il ne soit pas passé entretemps entre les mailles du filet, car Sole est une belle réussite, sur lequel son distributeur, Les Valseurs, a eu vivement raison de jeter son dévolu. Le film suit deux jeunes gens largués dans une société de plus en plus âpre, où ils n'ont manifestement pas les armes suffisantes pour se battre. Ermanno sort à peine de l'adolescence et ne sait trop que faire de sa vie quand il rencontre Lena, à peine plus âgée que lui et qui débarque de Pologne. Elle est enceinte et porte l'enfant que l'oncle d'Ermanno et sa femme adopteront ensuite, le chargeant ainsi de veiller d'ici là sur la toute jeune femme. Bien sûr, le garçon s'attachera rapidement à l'étrangère, jusqu'à voir surgir dans son esprit une perspective de paternité aussi inattendue qu'atypique.

Sole n'est pas le film à thèse qu'il aurait pu être, quoique prenant à bras le corps cette question de société des mères porteuses, donc de la marchandisation des corps, mais son réalisateur Carlo Sironi s'en tire avec brio, en se concentrant d'abord sur ses personnages, envers qui l'empathie du spectateur est vite une évidence, dans une remarquable économie de moyens et une tendance à cacher ses sentiments se situant à mille lieues des démonstrations méditerranéennes “canoniques”. C'est d'ailleurs une réféfence au cinéma japonais, et à celui de Mikio Naruse en particulier, qui est revendiquée…

Une étape molto probante, donc, pour celui qui, né en 1983 à Rome, avait enchaîné trois courts métrages à partir de 2008 et de Sofia, sélectionné aux festivals de Turin et de Giffoni. Cargo (2012) devait par la suite être présenté en compétition à la Mostra de Venise, tandis que Valparaiso (2016) se voyait primé à Locarno. Et c'est en Sole majeur que s'inscrit en tout cas ce début de carrière plein de promesses.

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Un autre film notable distribué par Les Valseurs : Arythmie (2018).

- Le Prix France Télévisions du jeune producteur pour Les Valseurs, remis à Trouville en 2019.