En salles 14/07/2020

Un moyen métrage signé Virgil Vernier en salles

Grand prix de la compétition fiction du dernier Festival Côté court de Pantin (en ligne), “Saphirre Crystal” est visible à la fois en salles et en e-cinema à partir du 15 juillet.

S'il fait partie de la liste des sorties du mercredi 15 juillet, Sapphire Crystal de Virgil Vernier, qui dure 31 minutes (donc tout juste la durée “orthodoxe” minimale du format de moyen métrage), va faire l'objet de séances spéciales dans certains cinémas tout en étant accessible en ligne à la demande, via son fidèle distributeur Shellac. Ce qui donne au film une actualité double, qui suit immédiatement la remise du Grand prix André S. Labarthe, au sein de la compétition “fiction”, à Côté court, qui s'est récemment tenu non au Ciné 104 de Pantin, mais en dématérialisé en cette année forcément spéciale.

“Fiction” est d'ailleurs la notion clé – et du reste problématique – pour aborder cette œuvre qui perpétue un travail mené depuis plusieurs années et autres films par Vernier. Ce dernier choisit de filmer cette fois – avec un Iphone “délibérément rudimentaire”, comme il le dit lui-même – un groupe de jeunes gens de la haute bourgeoisie genevoise lors d'une soirée dans un lieu branché, sinon très chic, en se confrontant à la gageure d'intéresser le spectateur à des sujets dont le casting a été composé sur la base même de photos de soirées postées sur le compte Instagram de ce lieu huppé et envers lesquels toute empathie est difficile, sinon proprement impossible.

C'est même un agacement inévitable qui émerge vite, que le “folklore” de cet accent romand traînant, certes, atténue – mais les spécimens n'en restent pas moins cousin(e)s de ceux de l'ouest parisien (la très bavarde Olivia, au centre du film et du groupe, est ainsi visiblement une “De la Baume”…). Un élément plus exogène – une jeune Serbe invitée à la soirée – porte en elle un salut éventuel au milieu de l'écœurement provoqué par les propos de cette jeunesse dorée, mais on s'interroge vite à juste titre sur la position réelle du cinéaste par rapport à ceux qu'il filme (“ils incarnent en quelque sorte leur propre rôle”, déclare-t-il sans ambage dans Trois couleurs n°178), tandis que sa brillante maîtrise du rythme et du montage, notamment, s'affirme à nouveau.

Mais on n'est visiblement plus dans la démarche de Thermidor ou Pandore, par exemple, et un certain sentiment de perplexité peut en tout cas être exprimé, même si le décor urbain circonscrit, celui de cette cité de banques et de marques de luxe, est regardé avec la même poétique férocité qu'Andorre ou Sophia Antipolis auparavant. Mais trouver ces “personnages” “touchants dans leur maladresse” (Vernier, encore, dans le numéro de Trois couleurs précédemment cité) demande un sacré effort, qui apparaîtrait même éthiquement discutable…

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Notre critique d'Andorre de Virgil Vernier.

- Le palmarès de Côté court 2020.