En salles 17/09/2020

“Lux æterna” : Noé revient au moyen métrage

Présenté en séance spéciale à Cannes en 2019, l’ovniesque “Lux æterna” accède à une sortie en salles le 23 septembre, sous les auspices d’UFO Distribution. C’est aussi pour le cinéaste un retour au format, presque 30 ans après le choc de “Carne”.

Les sorties de moyens métrages en salles sont devenues rarissimes, sauf exceptions sur configuration lilliputienne, et celle de Lux æterna de Gaspar Noé, à partir du 23 septembre, apparaît d'autant plus événementielle. Parce qu'il s'agit de Noé, d'abord, qui ne laisse jamais indifférent, jusqu'à la récente inititative de retour sur les écrans du sulfureux Irréversible, dans une version remise “à l'endroit”… Ensuite parce que le film répond à une sollicitation de la société Saint-Laurent, tout de même au final détournée assez loin du “film de commande” qu'il était impossible de supposer de la part du turbulent cinéaste franco-argentin. Enfin, pour cause de présentation cannoise en grandes pompes, en séance de minuit hors compétition, lors de l'édition 2019 du festival, avec Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle, les deux actrices principales du film, et les top-modèles entraînées dans l'aventure – notamment Abbey Lee, égérie maison – et une histoire de tournage d'un film de sorcières sombrant dans le chaos, l'anarchie et, fnalement, l'impensable (en version stroboscopique !).

Le compte-rendu que nous avions publié à l'époque, par la plume de l'un de nos rédacteurs présents sur la Croisette, laissait apparaître une impression mitigée sur l'entreprise (texte à lire ici). Avec le recul d'un an et demi et un contexte radicalement différent, plutôt dépassionné cette fois, il semble qu'il vaille vraiment la peine de découvrir cet objet assez inclassable, débutant par un extrait du fameux film muet de Benjamin Christensen Haxan, la sorcellerie à travers les âges, adulé du réalisateur, et comprenant au moins une séquence d'anthologie, celle de la cordiale conversation au coin du feu des deux actrices principales – l'une, Dalle,  jouant la réalisatrice du film dans le film – sur 12 minutes… Si Noé présente le film comme un “modeste essai sur la création cinématographique”, certains critiques pourront ergoter sur l'adjectif qualitifcatif employé, l'ambition étant une fois de plus placée à un très haut niveau, la facette facétieuse de l'auteur du bien nommé Seul contre tous l'amenant à désigner tout le monde par un simple prénom, fussent-ils Dreyer, Godard, Fassbinder ou Buñuel. Tout sauf consensuel, donc, et c'est bien là le plus précieux…

Christophe Chauville

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