En salles 02/02/2020

Le pouvoir de l’imaginaire : “La dernière vie de Simon” de Léo Karmann

“La dernière vie de Simon” de Léo Karmann, qui sera en salles à partir du 5 février prochain, est un premier long métrage aussi plaisant que surprenant.

La dernière vie de Simon est une authentique belle surprise en ce début d’année, faisant tout d’abord le pari inhabituel de s’adresser en priorité au public (pré-)adolescent, d’ordinaire peu pris en considération par la production française de fiction. Seconde – louable – audace, Léo Karmann, à peine trentenaire (il est né en 1989), offre pour l’occasion sa propre relecture du “film de super-héros”, en recourant par conséquent à pas mal d’effets spéciaux – qui sont d’une perfection confondante, en matière de morphing principalement – et à une écriture précise et efficace, sans la faiblesse parfois observée dans le genre (au sens large) en France.

L’idée initiale du scénario évoque en elle-même davantage le cinéma américain sous influence “spielbergienne”, pour résumer (E.T. est du reste une référence assumée par le réalisateur et sa coscénariste Sabrina B. Karine)  : un adorable petit orphelin, le Simon du titre, se lie d’amitié avec un frère et une sœur du même âge, appartenant à une famille “modèle” et intègre leur petit paradis de bord de mer chaque week-end, jusqu’à ce qu’il soit amené à utiliser, dans des circonstances dramatiques, son incroyable capacité à pouvoir prendre l’apparence de quiconque aura été touché par lui…

 

 

 

 

 

 

 

 

L’aventure est menée de façon assez trépidante, la direction artistique du film est impeccable, jusque dans l’utilisation de décors splendides (les environs de Crozon), avec un casting très réussi, du côté des enfants notamment. Le petit Simon, doué d’un pouvoir inouï, est incarné ensuite, à l’entrée dans l’âge adulte, par Benjamin Voisin, qui s’affirme dans un registre différent de celui du récent Un vrai bonhomme de Benjamin Parent, autre tentative probante de se confronter à un genre précis, celui du teenage movie, en osant une relecture personnelle et lorgnant volontiers vers le fantastique. Une coïncidence dans ces deux réussites, mais avec une différence sensible de trajectoire : si le succès de Ce n’est pas un film de cow-boys avait suscité certaines promesses du côté de Benjamin Parent, le court métrage Jumble up de Léo Karmann (2014) était somme toute assez quelconque, selon nous, au-delà de ses sélections dans une série de festivals (Meudon, Aubagne, Contis, Paris Courts devant, etc.). L’enthousiasme que suscite La dernière vie de Simon n’en a que plus de saveur.

Christophe Chauville


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