En salles 08/11/2019

Le monde animé de Paul Grimault

Proposée cette semaine au cinéma sous l’impulsion de Tamasa Distribution, l’œuvre courte de l’une des figures tutélaires majeures de l’animation française est déclinée en deux programmes à destination du jeune public, en version restaurée.

Après Jean-François Laguionie, célébré à travers le programme Les mondes imaginaires... début octobre, honneur à Paul Grimault, chez qui le premier nommé a d'ailleurs débuté, via l'initiative de Tamasa Distribution de proposer, sous l'intitulé générique Le monde animé de Grimault, deux programmes de courts métrages d’animation en versions restaurées 4K. 

Le premier programme comprend 4 films – L’épouvantail (visuel ci-dessous à gauche), Le voleur de paratonnerres, La flûte magique et Le petit soldat – et s'adresse aux enfants dès avant 5 ans, sur 42 minutes, tandis que le second réunit, sur 61 minutes, 6 films accessibles plutôt après cette (relative) charnière des 5 ans : Le marchand de notes, Le voleur de paratonnerres, Le petit soldat, Le diamant, Le chien mélomane et Les passagers de la Grande Ourse (visuel ci-dessous à droite). Le lien est ainsi fait entre des réalisations des années 1940, majoritaires, et d'autres plus tardives : Le diamant date de 1970 (et Wikipédia nous apprend qu'il servit alors de complément de programme à L'aveu de Costa-Gavras !) et Le chien mélomane de 1973.

 

 

 

 

 

 

 

Le monde avait entretemps changé, forcément, et Grimault de même, dont le propos est aussi sensiblement différent que les textures graphiques convoquées d'une époque à l'autre. Il n'est d'ailleurs pas interdit d'avoir une tendresse toute particulière pour la tonalité poétique des Passagers de la Grande Ourse ou de l'atemporel, féministe et antimilitariste Petit soldat (visuel de bandeau), qui avait remporté le Prix international à la Biennale de Venise en 1948. Il faut aussi dire qu'à l'époque, les collaborateurs de ces œuvres courtes était non seulement Prévert (sur Le petit soldat, puis les films des années 1970, jusqu'au Roi et l'oiseau bien évidemment), mais aussi possiblement Jean Aurenche (Le marchand de notes, L'épouvantail, Le voleur de paratonnerres), Roger Leenhardt (La flûte magique) ou, pour la musique, Joseph Kosma (Le petit soldat). Des talents accumulés, pour des contes souvent trépidants, qu'on peut apprécier sans savoir tout cela, en se laissant entraîner dans les traces des nombreux toutous parcourant ces folles aventures nous emmenant volontiers ailleurs, y compris dans les airs, comme avec le vaisseau volant des Passagers de la Grande Ourse.

Christophe Chauville


À lire aussi :

- Les mondes imaginaires de Jean-François Laguionie, à voir en salles.

- Quelque part quelqu'un, de Yannick Bellon, distribué par Tamasa en septembre 2019.