La vie de ma mère : Julien Carpentier du court au long, avec humour et tendresse
À savourer au cinéma à partir du 6 mars, La vie de ma mère est l’attachant premier long métrage de Julien Carpentier, qui a principalement fait ses armes par le biais des concours en ligne que sont le Mobile Film Festival et le Nikon Film Festival.
Plébiscité par le public du Festival du film francophone d’Angoulême, qui lui a décerné son “Diamant” en 2023, La vie de ma mère accède aux salles en ce début mars, distribué par KMBO, après avoir été également présenté, entre autres, en avant-première au Festival Paris Courts devant en janvier.
Pour son premier long métrage, Julien Carpentier explore, sur une unité de temps très resserrée, un rapport mère/fils complexe et perturbé, tandis que la plutôt extravertie Judith s’est fait la malle du centre psychiatrique dont elle est pensionnaire et que Pierre, son trentenaire de rejeton, entend l’y reconduire, sans le lui dire explicitement, bien sûr, et en prenant le prétexte d’une balade avec étape sur la tombe de son grand-père.
Le road-movie permettra, comme c’est sa fonction canonique, de se redécouvrir et d’évoluer, Pierre apparaissant au départ raide et intransigeant envers celle qui lui a pourri la vie durant trop longtemps, avec ses crises de bipolarité et son inconséquence récurrente.
Les bases du récit pourraient sembler convenues, l’écriture n’en est pas moins inspirée et dessine des personnages échappant aux stéréotypes qui guettaient. D’abord par de belles trouvailles narratives – comme le goût des fleurs qui réunit le tandem, Pierre ayant créé son activité de fleuriste – et un duo qui “matche” parfaitement, composé d’Agnès Jaoui, décidément particulièrement en verve ces temps-ci, à la veille de recevoir un César d’honneur, et de William Lebghil, qui montre une autre facette, plus sombre et mutique, que chez Forgeard, Jauvat ou Lilti.
On remarque aussi, dans un second rôle, celui du meilleur copain et associé de Pierre, l’excellent Salif Cissé, révélé par À l’abordage de Guillaume Brac. Il figurait déjà dans Le bon rôle (2021), un court très court réalisé par Julien Carpentier pour le Nikon Festival, qui jouait avec le vrai et le faux dans le cadre d’un casting de cinéma.
Le réalisateur avait, alors quasi débutant, déjà mis le pied à l’étrier – et c’est l’une des singularités de son parcours – à l’occasion d’un autre appel à films, dix ans auparavant : il avait été salué au Mobile Film Festival avec Mon portable est une balance (2010) par un prix spécial remis par Tonie Marshall et intitulé “Prix des filles au garçon qui ne s’est pas foulé mais qui a bien fait rire” !
Par la suite, il avait fait ses armes en participant au 48h Film Project (30 kilos, 2011), avant de participer une première fois au Nikon Film Festival, avec le caustique Mon héritage en 2020, où il était question d’un homme politique très à droite et de tests ADN…
Pvblo (à prononcer “Pablo”, photo ci-dessus), en 2018, était une œuvre produite, cette fois (par Naïa Productions), qui témoignait déjà d’une solide propension à battre en brèche certains clichés, dans les pas d’un jeune homme délaissant sa cité et l’activité quasi obligée du rap pour vivre sa passion, celle des chevaux, dans un haras.
C’est en tout cas une typologie de parcours plutôt atypique qui aura amené Julien Carpentier jusqu’à l’étape du premier long. Vue sa capacité à occuper le terrain entre comédie grand public et chronique intimiste plus personnelle, il devrait connaître une postérité…
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