En salles 18/04/2018

Civeyrac et ses Provinciales

Le nouveau film de Jean-Paul Civeyrac, “Mes provinciales”, est en salles cette semaine. Nous lui consacrons une semaine spéciale, à travers trois de ses courts proposés en ligne, et revenons naturellement sur son parcours.

Le premier long métrage de Jean-Paul Civeyrac, Ni d’Ève ni d’Adam, date de 1997. Depuis, le cinéaste a signé huit longs métrages et autant, sinon plus de courts, tordant le cou à l’idée reçue selon laquelle le format court n’intéresserait plus les cinéastes sitôt le passage au long effectué.

Qu’il s’agisse pour une bonne part de commandes ou de cartes blanches ne change rien à ce constat, tant ces films courts s’inscrivent dans la cohérence d’une œuvre précieuse, qui aura justement été célébrée en ce mois d’avril à la Cinémathèque française.

Mais avant cela, il y avait eu un court métrage marquant que l’on a eu l’occasion de revoir à l’occasion des 30 ans de la Fémis, école où Civeyrac fut étudiant et dans laquelle il enseigna ensuite longuement : La vie selon Luc. Celui-ci, parmi les courts métrages de cette époque, est l’un de ceux qui ont le mieux vieilli, portrait vibrant et nerveux d’un jeune voyou se prostituant et film incandescent et brut ne ressemblant pas forcément à ce que sera ensuite le cinéma lettré et musical de Civeyrac.

Il aura fallu attendre une douzaine d’années ensuite pour que le cinéaste revienne au court métrage avec Tristesse beau visage, revisitant en noir et blanc le mythe d’Orphée et Eurydice, qu’il réalisa pour les Films Hatari dans le cadre de leur collection “Portraits” (où s’illustrèrent aussi Philippe Ramos ou Thomas Salvador), puis avec deux commandes de l’Adami pour la promotion des jeunes comédiens en 2006. Conçus comme un diptyque, Mon prince charmant et Ma belle rebelle se répondent, dialoguent ensemble. Le romantisme du cinéaste s’y déploie, en même temps que les élans romanesques qui sous-tendent toute son œuvre. Un goût pour les mots, les voix off, les histoires d’amour de jeunes gens, que reconduit Malika s’est envolée, moyen métrage réalisé dans le cadre d’un projet de plusieurs films alors commandés à des cinéastes par le Théâtre de Gennevilliers.

Puis Blow up, l’émission cinéphile hebdomadaire du site d’Arte lui laissera carte blanche pour trois films dont il explique aujourd’hui à quel point, dans leur manière de faire parler les personnages de cinéma et d’autres films, ils lui permirent d’envisager la mise en chantier de Mes provinciales, beau long métrage sortant ces jours-ci et mettant en scène des étudiants en cinéma tels que ceux, sans doute, qu’il côtoie encore aujourd’hui à Paris-VIII.

Stéphane Kahn


Filmographie courts métrages de Jean-Paul Civeyrac
La vie selon Luc
(1991, 15 min)
Tristesse beau visage (2003, 17 min, photo)
Ma belle rebelle et Mon prince charmant (2006, 2 x 11 min)
Malika s'est envolée (2008, 35 min)
Une heure avec Alice (2011, 13 min)
Louise, le dimanche (2011, 3 min)
Françoise au printemps (2012, 10 min)
Fairy Queen (2016, 43 min)
Un jour de blues chez Elena (2016, 12 min)