“Le cochon de Wat” (entre autres) dans “Folimômes 3” !

Sous un digipack en noir, blanc et rouge dont l'élégance ne se dément pas, Folimômes 3 annonce la couleur : “(Toujours) 10 cours métrages d'animation pour les mouflets !”... L'escargot-tuba illustrant la couverture, lui, évoque directement le titre du court métrage qui ouvre les festivités, le déjà célèbre Deux escargots s'en vont de Jean-Pierre Jeunet et Romain Segaud (photo ci-contre), inspiré d'un poème de Jacques Prévert, À l’enterrement d’une feuille morte. Il est récité par une vingtaine de voix de doublages assurées par des acteurs ayant pour la plupart croisé la route de Jeunet et il est du reste amusant de tenter de les identifier, de Jean-Pierre Marielle à Audrey Tautou, en passant par Mathieu Kassovitz, Yolande Moreau ou Jean-Paul Rouve. Surtout, ce petit film au cachet délibérément artisanal met en scène des “bestioles” plus ou moins exotiques fabriquées par Jeunet avec du bois, des feuilles et des matériaux naturels en référence directe à l'œuvre d'un artiste qu'il admire particulièrement, Jephan de Villiers.

D'autres noms de figures du paysage de l'animation actuelle sont présents dans ce DVD, tels ceux de Gagnol et Felicioli, à nouveau réunis sur Un plan d'enfer (photo ci-contre), savoureux pastiche en dessin animé du cinéma policier français classique, argot des faubourgs compris, ou un autre tandem, Nicolas Bianco-Levrin et Julie Rembauville, qui transporte cette fois, à travers Celui qui domptait les nuages, les jeunes spectateurs au Far-West, où un Indien tente d'apprendre à un papoose à faire du feu. 

Parmi les films les plus récents, on retrouve l'helvète Vent de fête de Marjolaine Perreten, alors qu'il poursuit son parcours dans les festivals, tandis que le volet “patrimonial” de la galette est une vraie bonne surprise, à travers deux films courts de Peter Lord, l'un des fondateurs des mythiques studios Aardman, qui ne se résument aucunement aux aventures de Wallace et Gromit en matière d'animation de volumes. Adam (1991, photo ci-contre) est une relecture hilarante de la Création, avec ce premier homme, oreilles décollées et zizi à l'air, posé sur une planète qu'il va rapidement maltraiter, la main de Dieu étant évidemment aussi celle de l'animateur tout-puissant... Le cochon de Wat (1996, photo de bandeau), pour sa part, entraîne dans un Moyen-Âge digne de la légende arthurienne et met en scène deux jumeaux séparés à la naissance, suite à un kidnapping. L'un est devenu le prince régnant, tandis que l'autre, pauvre manant dont le meilleur ami est un cochon rigolard et sympa, doit bientôt satisfaire aux obligations militaires. La dynamique narration bénéficie à la fois d'une mise en scène emblématique du style Aardman, souvent référencé jusque dans les scènes d'action – ici la mêlée armée évoquant l'Excalibur de Boorman. Un split-screen séparant l'écran en deux moitiés, pour montrer l'évolution parallèle des deux frères qui s'ignorent, font du film un petit bijou que cette édition a, entre autres mérites, celui de remettre en pleine lumière.

Christophe Chauville

Folimômes 3, DVD, 10 films, 68 minutes environ, Folimage, 14,90 euros.
Disponible depuis le 5 juin 2018.