“Vivre avec même si c’est dur” de Pauline Pinson, Marion Puech et Magali Le Huche

On ne dira jamais assez à quel point le choix des voix joue un rôle fondamental dans le cinéma d’animation. Depuis les Panique au village et autres Pic Pic André de Patar et Aubier, on n’avait pas entendu de voix aussi marquante que celle de Magali Le Huche pour cet absurde objet dessiné qu’est Vivre avec même si c’est dur. Série de portraits d’animaux affligés d’une tare physique qui leur gâche la vie, ce court métrage “documentaire” séduit par son outrance “non-sensique” et par les intonations affectées d’une narratrice volant la vedette à un bestiaire crayonné pourtant déjà bien relevé : entre Rémy le loup à la “coiffure inamovible”, Patricia la truie dotée d’un trou de nez central au diamètre extraordinaire et l’ours Hubert et ses “troubles obsessionnels compulsifs anals” (sic), on ne sait trop où va notre préférence.

Certes, Vivre avec même si c’est dur est un objet potache sans queue ni tête – c’est sa limite –, mais le film, fruit d’un brainstorming auquel on aurait aimé assister, a le mérite d’aller très loin dans la trivialité. Les dysfonctionnements sexuels (l’étrange handicap de Roland la mouette rieuse, les disgracieux appendices de Frédo le lapin), les allusions zoophiles (Jean-Lou le mérou “qui a hérité du bonnet de son amant de toujours”, Corine l’autruche dont “le postérieur insolite remet en cause ses origines”) n’y manquent pas. Tout cela, grâce à une réelle qualité d’écriture et d’interprétation, est absolument hilarant. Il fallait l’écrire et il faudra maintenant vivre avec... même si c’est dur.

Stéphane Kahn

Article paru dans Bref n°74 (2006).

Réalisation, scénario, image et animation : Pauline Pinson, Marion Puech et Magali Le Huche. Montage : Charlie Chabrier, Marion Puech, Pauline Pinson et Magali Lehuche. Musique : Grégory Toucas. Son : Grégory Toucas. Voix Off : Magali Lehuche et Joseph Kieffer. Production : Marion Puech / École Supérieure des Arts Décoratifs.