Cahier critique 20/11/2019

"Max" de Florence Hugues

La mécanique pour toutes !

Dans un contexte où la lutte contre les stéréotypes de genre reste encore difficile, Max, de Florence Hugues, arrive à point nommé pour nourrir le débat avec humour et légèreté en proposant l’intéressant personnage de Maxine, une jeune femme passionnée de mécanique qui espère obtenir un contrat dans le garage où elle est en stage. Réalisé dans le cadre de l’appel à films “femmes actives” organisé par l’association Femmes & cinéma, ce court métrage tonique et résolument optimiste brosse un tableau équilibré, mais doux-amer de la situation de la jeune femme, avec d’un côté un collègue qui la dénigre et un client qui remet en doute ses capacités, de l’autre son petit ami, fier d’elle, et son patron, qui encense son savoir-faire.

Sans se livrer à une quelconque thèse didactique sur la question de l’égalité homme-femme au travail, et plus particulièrement dans un milieu traditionnellement considéré comme “masculin”, le film s’amuse à jouer avec les clichés, qu’il dynamite joyeusement : le petit ami de Maxine lui propose son aide pour trouver l’origine d’une panne, mais il s’avère qu’il n’y connaît rien en mécanique ; les toilettes du garage sont tapissées de photos de femmes dénudées tandis que dans la chambre de la jeune fille s’exhibe sans complexe un photo-montage qui la présente en catcheur ; Marcus s’autorise des blagues peu subtiles, mais soutient Maxine à 100% dans son désir d’être garagiste.

Sur une trame relativement simple, Florence Hugues tisse ainsi une intrigue malicieuse dans laquelle elle entremêle le portrait en creux de Maxine et celui de l’époque, encore chargée par les préjugés, les obstacles matériels et les difficultés à changer de paradigme. C’est flagrant notamment dans le dilemme rencontré par le patron du garage, qui n’est pas prêt à se battre pour garder la jeune femme, se réfugiant derrière des prétextes auxquels il ne croit pas lui-même. La réalisatrice filme également les gestes techniques et la réalité quotidienne d’un garage, mêlant notamment le son du moteur qui se noie à la musique qu’écoute Maxine, comme un leitmotiv qui la poursuit après les heures de travail.

Tout en assumant son statut de comédie, et même quasiment de “feel good movie”, Max s’avère finalement plus complexe qu’il ne le semblait au départ, en amorçant une réflexion sur les stéréotypes dont il est parfois difficile de se défaire, et en insistant sur le fait qu’aimer l’automobile relève plus d’un trait de caractère personnel que de l’identité sexuelle. Pour cela, le film ne remet jamais en cause les décisions de son héroïne, et ne cherche pas non plus à les expliquer. Maxine est une fille qui aime les voitures, et ceux qui ne peuvent le comprendre n’ont qu’à passer leur chemin.

Marie-Pauline Mollaret

Réalisation : Florence Hugues. Scénario : Stéphanie Tallon. Image : Emmanuelle Collinot. Montage : Julie Duclaux. 
Son : Tristan Pontécaille, Loïc Chautemps et Oscar Ferran. Musique originale : Camille-Elvis Théry. 
Interprétation : Zoé Héran, Côme Levin, Clément Bresson, Raphaël Almosni et Hamza Meziani. 
Production : Les Fées Productions.