News 08/01/2024

Stéphane Mercurio à l’honneur d’une rétrospective à la BPI

La Cinémathèque du documentaire consacre une quasi intégrale à l’œuvre de Stéphane Mercurio, assez peu connue du grand public, mais dont la filmographie, riche et engagée, se déploie depuis trois décennies sur tous les formats. Intitulée “Stéphane Mercurio. La parole aux invisibles”, elle sera à l’affiche à la BPI entre le 10 janvier et le 16 mars 2024.

Elle-même confie n’avoir à l’origine nullement eu l’intention de faire du cinéma, alors qu’elle poursuivait de longues études de droit. Et puis Stéphane Mercurio a, de façon autodidacte, choisi la réalisation à travers, d’abord, un court métrage documentaire Scènes de ménage avec Clémentine (1992, photo ci-dessous). 18 minutes menées à bien au sein des ateliers Varan et orientées vers une jeune femme de ménage râleuse et drôle, premier portrait pour le premier opus d’une série de films qui ne s’interrompra plus durant les trois décennies qui s’ouvraient alors, en prenant souvent comme sujet(s) celles et ceux qu’on ne voit d’ordinaire que rarement, sinon pas du tout à l’écran.

Des courts, des moyens ou des longs métrages, distribués en salles ou destinés à la télévision : pas moins de 21 œuvres seront ainsi présentées par le biais du cycle programmé par la Cinémathèque du documentaire à la BPI, sur tous les formats et avec même un ciné-concert, une web série, un documentaire sonore et un inédit, le work in progress dans lequel la cinéaste filme sa fille et l’une de ses amies durant l’année du bac (et du confinement !) : Tania et Bérénice (2023).

On pourra redécouvrir entre autres À côté et À l’ombre de la République (photo ci-dessous), consacrés aux prisons et à d’autres lieux d’enfermement, mais aussi le très beau Quelque chose des hommes (photo de bandeau), diffusé sur Brefcinema au lancement de notre plateforme (et présent dans le cahier critique de Bref 120, à l’automne 2016). Ce film délicat voyait la caméra de la cinéaste s’inviter dans des séances de pose du photographe Grégoire Korganow, qui saisissait des clichés souvent bouleversants de différents père et fils. 

Parmi les formats courts, on ira des 3 minutes du film d’animation “home made” Marie-Claude et le PDG (2009) aux 59 de Cherche avenir avec toit (1997), qui empoignait le thème – hélas toujours d’actualité – des SDF et de leurs difficultés de relogement. Des curiosités sont aussi recommandées, comme Les Parisiens d’août, montage de pastilles vidéo filmées par Stéphane Mercurio à l’été 2017.

À noter qu’un coup de projecteur sera porté en parallèle sur les films de Christophe Otzenberger, disparu en 2018 et qui avait cosigné avec Stéphane Mercurio, l’année précédente, Petits arrangements avec la vie. Son passionnant long métrage documentaire La conquête de Clichy avait en son temps – le milieu des années 1990 – défrayé la chronique (portant sur l’affaire Didier Schuller, alors protégé de Charles Pasqua) et sera à voir ou revoir, tout comme une auto-fiction courte de 1986 : Toi + moi.

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Sur la rétro Claire Simon de la Cinémathèque du documentaire, en 2023.