En salles 02/05/2017

L’événement Jean Eustache à la Cinémathèque française

Du 3 au 27 mai, la Cinémathèque présente l’œuvre rare d’un cinéaste mythique de l’après Nouvelle Vague.

Les films de Jean Eustache sont imprégnés de ce qu’il vécut, de ses discussions, de son enfance. Comme Maurice Pialat, il aimait par dessus tout les films des frères Lumière, ou l’idée originelle du cinéma, comme représentation de la vie même. En même temps, et ainsi différemment de Pialat, cela ne signifie pas pour lui improvisation, imprévu, laissé faire du moment présent. Ses films fictionnels sont entièrement écrits et chaque mot prononcé y est important. Jean Eustache arrive même parfois à une certaine forme d’artificialité, pleine d’humour dans “Mes petites amoureuses” mais pas du tout ridicule ; comme si retrouver la vie à travers la création n’était parfois possible que par une sorte de fausseté paradoxalement vraie, mais non pas réaliste. “Le faux, c’est l’au-delà” dit Jean-Pierre Léaud dans “La maman et la putain.”

La rétrospective de la Cinémathèque s’ouvre avec cette œuvre, en présence de la comédienne Ingrid Caven. Mes petites amoureuses, né des souvenirs d’enfance de Jean Eustache à Narbonne, est son second et dernier long métrage, après le légendaire La maman et la putain, avec Jean-Pierre Léaud, en 1972, qui remporte le Grand prix à Cannes et donne au réalisateur une nouvelle renommée.

En parallèle de ces films, Eustache a réalisé de nombreux courts métrages, tous visibles lors de cette rétrospective. En particulier Du côté de Robinson (1963, son premier film) et Le père Noël a les yeux bleus de 1966, où on retrouve Léaud filmé dans les rues de Narbonne (œuvres devenues ensemble Les mauvaises fréquentations) ; Odette Robert, dont la Cinémathèque présente la version longue et originale Numéro zéro (1971), sortie en salles seulement bien après la mort du cinéaste, où la grand-mère du réalisateur captive par le récit de sa vie, durant deux heures filmées en temps réel. Et également, les deux Rosière de Pessac (1968 et 1979), et ses derniers films, avant sa mort un an plus tard en 1981, Offre d’emploi et Les photos d’Alix.                                  

Plusieurs rencontres ponctueront cet événement : entre autres, le samedi 6 mai, La maman et la putain, présenté par Françoise Lebrun, une des actrices principales, et Pierre Lhomme, chef-opérateur du film. Luc Béraud, qui fut l’assistant à la mise en scène du réalisateur, et l’auteur du livre “Au travail avec Eustache”, retracera le jeudi 18 mai son expérience aux côtés du cinéaste, en dialogue avec le public.

Léocadie Handke

                                                                            

                                            Jean Eustache