Nos soirées 30/01/2024

Avis de tornade à “Déjà demain”

Le premier lundi du mois, la soirée Déjà demain est à inscrire dans son planning, pour se tenir au fait de l’actualité du court métrage, au MK2 Odéon (côté Saint-Michel), à Paris. L’Agence du court métrage vous y invite de nouveau, avec une soirée tournée vers les territoires du cinéma documentaire, le 5 février à 20h. Trois films de 2022 ou 2023 seront au programme. 

Voir du court métrage sur grand écran en dehors de Clermont-Ferrand, ce sera tout à fait possible le lundi 5 février, dans le Quartier latin à Paris, alors que le festival auvergnat battra son plein. La prochaine soirée Déjà demain vous conviera à découvrir un programme de trois courts métrages abordant de façon variée le documentaire, avec en ultime partie de séance Tornades (photo de bandeau), le nouveau film d’Annabelle Amoros, la réalisatrice de Churchill, Polar Bear Town, que nos abonné(e)s ont déjà pu grandement apprécier.

Cette fois, Annabelle Amoros, toujours baroudeuse, a baladé sa caméra à nouveau outre-Atlantique, dans le sillage des chasseurs de tempêtes, qui sillonnent une zone située au centre des États-Unis connue comme étant l’Allée des tornades, donc un endroit où l’on peut potentiellement prendre des photos ou filmer des vidéos immédiatement postées sur les réseaux, et se procurer quelques frissons aussi, lorsque les éclairs se rapprochent, parfois dangereusement. Et éventuellement faire du fric – sans surprise – en emmenant des touristes en mal de sensations, ce qui rejoint plaisamment le propos de Churchill…, dans une démarche d’immersion assez comparable, sans commentaires ni fioritures. 

Dans un style radicalement différent, Chérine Yazbeck revient sur une tragédie ayant – une fois de plus – frappé le Liban, à savoir l’explosion gigantesque survenue dans le port de Beyrouth le 4 août 2020. Beirut Port Blast Stories (photo ci-dessus) donne la parole, quelques mois après, à des témoins, hommes et femmes de tous âges directement frappés et meurtris par le drame, qui aura soulevé beaucoup de questions sur la décrépitude politique de ce petit état jadis florissant et subissant depuis plusieurs décennies les pires soubresauts de l’Histoire. 

Interviews face caméra, empreints d’émotion, et images d’archives de diverses natures traduisent la plaie toujours à vif pour le peuple de Beyrouth, qui espère toujours que justice soit rendue. L’un des derniers plans du film, montrant les ruines encore incandescentes des silos détruits symbolise parfaitement cette douleur persistante et profonde. 

Assez atypique dans sa construction, 45th Parallel de Lawrence Abu Hamdan (photo ci-dessus), vu à Clermont-Ferrand – justement – l’an dernier, présente un endroit assez inouï de la planète, “posé” sur la frontière entre le Canada et les USA, à savoir une bibliothèque où passent des gens et aussi des marchandises, pas toujours licites. Le récit bifurque vers des considérations, énoncées comme dans un monologue sur une scène de théâtre, sur les limites entre nations et aussi entre ce qui est légal ou ne l’est pas, la restriction des libertés et des déplacements, etc. Insolite, drôle et philosophique à la fois. Les tornades qui se déplacent à la surface du globe sont de nos jours parfois métaphoriques…

Christophe Chauville

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