Festivals 22/03/2024

Cinéma du Réel, en zone de turbulences

Ce n’est pas le festival, bien entendu, qui se trouve en pleine période de perturbations, mais la planète entière, alors que la guerre au Proche-Orient s’est ajoutée à celle en Ukraine depuis l’édition précédente. Ce grand rendez-vous du documentaire en apparaît donc d’autant plus précieux.

C’est toujours un moment très attendu sur la fin mars : le Cinéma du Réel réinvestit – pour une 46e édition – ses salles et sites habituels, à Paris, à partir de ce vendredi 22, jusqu’au dimanche 31, avec le Dahomey de Mati Diop en ouverture. Le catalogue du festival est de nouveau très riche de propositions documentaires de tous types et les courts ou moyens métrages font toujours jeu égal avec les longs proposés au sein des sélections.

Pour preuve, sur les 37 films en compétition, on trouve 18 courts et moyens métrages pour 19 longs métrages… Parmi les premiers, on s’intéressera entre autres aux derniers films de Virgil Vernier (Imperial Princess, 48 min, photo ci-dessus), Nicolas Boone (Aeroflux, 41 min), Jules Cruveiller (Capture, 37 min), Jean-Claude Rousseau (Où sont tous les amants ?, 6 min) ou encore Aurélien Froment (Louis et les langues, 22 min). Sur les durées se situant au-delà de l’heure de projection, Alexe Poukine, la réalisatrice du multi-primé Palma, présentera Sauve qui peut. Mentionnons aussi le Voyage à Gaza de Piero Usberti (photo ci-dessous), qui prendra forcément, vu le contexte, une résonance spécifique…

Des œuvres courtes également au sein de la section “Première fenêtre”, qui porte comme éloquente base-line “la vigie du documentaire de demain”, et au fil de divers volets de la programmation, comme cette carte blanche offerte à Deborah Stratman, membre du jury cette année et qui a notamment choisi de montrer Double Strength de Barbara Hammer et Meshes of the Afternoon de Maya Deren. L’artiste sera en parallèle mise à l’honneur à la Galerie nationale du Jeu de Paume.

Une Nuit se tiendra en outre, en hommage à Marie-Pierre Duhamel, figure emblématique du festival, dont elle fut la déléguée générale entre 2005 et 2008, disparue l’an dernier. On pourra voir ou revoir à sa mémoire les courts Several Friends de Charles Burnett, Broadway by Light de William Klein, Les nuits électriques Eugène Deslaw (photo ci-dessus), etc.

Immanquable sera aussi la rétrospective “Front(s) Populaire(s)”, complétée de débats et rencontres. Pierre Carles, Claire Doyon ou Jean-Gabriel Périot en seront parties prenantes.

Autre rétro, monographique celle-là, autour du cinéma de Jean-Charles Hue, joliment intitulée “Là où le corps et l’esprit chancellent”. On y verra bien sûr Topo y Wera ou Tijuana Tales. Enfin, une série d’avant-premières jalonneront ces denses journées festivalières et l’on pourra y découvrir notamment Patience, mon cœur (photo ci-dessus), signé Sophie Bredier, qui fut par le passé critique et écrivit pour Bref.

Christophe Chauville

Photo de bandeau : Longtemps, ce regard de Pierre Tonachella (57 min), en compétition.

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- Le palmarès de Cinéma du Réel 2023.

Dahomey de Mati Diop, Ours d’or 2024 à Berlin.