Lauriane Escaffre et Yvo Muller, pile poil au rendez-vous du premier long
Le duo de lauréats du César 2020 du meilleur court métrage (en l’occurrence Pile poil) voit son premier long accéder aux salles de cinéma à partir du 28 septembre.
Lorsqu’on décroche le César du meilleur court métrage, une certaine attente se voit instantanément déclenchée quant au passage au long métrage. Le réflexe est d’une pertinence discutable, mais depuis quelques années, c’est ainsi… Et le duo formé par Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller l’était particulièrement, attendu, après l’ample succès de Pile poil – césarisé en 2020, juste avant la pandémie de Covid-19, donc. Une version longue du film aurait d’ailleurs dû être le premier long pour eux (cf. Bref n°125), mais c’est vers une autre histoire et un autre scénario que les réalisateurs se sont tournés. Le projet s’est longtemps appelé “Le déhanché d’Elvis”, limpide pour qui découvrira ce film finalement titré Maria rêve, preuve du recentrage du regard vers son personnage féminin.
Maria, incarnée par Karin Viard (une fois de plus de l’aventure d’un premier long), est femme de ménage, embauchée à l’école des Beaux-Arts de Paris et qui voit son monde basculer de façon inattendue vers des horizons que sa vie rangée et modeste ne lui promettait que très moyennement. Il y a d’ailleurs un pont discrètement jeté avec Pile poil, où un boucher devient peu à peu le cobaye de sa fille en vue de son concours d’esthéticienne, avec à la clé un entraînement à un exercice d’épilation.
Ici, Maria est entraînée dans la création d’une artiste en herbe (Noée Abita) avant de se libérer en devenant modèle et en posant nue pour un groupe d’étudiants. Même collision entre des univers éloigné, même tendresse dans le regard et même respect pour les personnages, jamais moqués ni pris de haut. La stature de Grégory Gadebois achève de faire le suivi, en gardien de l’établissement d’abord bourru et bientôt touché par la grâce suite à sa rencontre avec Maria.
Dans d’autres courts métrages, le tandem travaillait en famille et sur un motif idoine, en l’occurrence pour Chèvre ou vache, qui avait attiré l’attention sur son potentiel comique en 2016 (avec une première sélection au Festival du court métrage d’humour de Meudon, “là où tout a commencé” du propre aveu des réalisateurs), ou plus récemment pour une participation au Nikon Film Festival (Open Your Mind). Et cette notion précise de “famille” semble s’enraciner en passant au long, même avec UGC et TF1 dans l’affaire. Escaffre et Muller, qui sont à la base des comédiens (et des bons !), apparaissent dans leur film dans des compositions assez croquignolettes, et attirent à eux des interprètes doués pour la comédie et venus parfois d’autres “clans” (voir Philippe Uchan, complice régulier des frères Podalydès).
Faire rire, ou même sourire, n’est jamais aisé, on connaît la chanson, mais la démarche du duo tient la route et s’est même affinée avec le temps, depuis leur film à chute Le bon mélange pour la colle, présenté à L’Alpe d’Huez en 2013 et dont la drôlerie naissait d’un postulat finalement assez “hénaurme”. C’est aussi tout le cheminement des courts successifs que de travailler sur la nuance, le dialogue, le détail dans la direction d’acteur, comme c’est le cas avec Maria rêve, pourtant installé dans le territoire balisé d’une romcom, version quinquas. Il n’y aurait donc pas d’âge pour continuer à rêver ?
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