News 25/02/2017

Sur la scène de la salle Pleyel

Pour mémoire, le nom des lauréats, du moins quelques-uns d’entre eux, de la 42e cérémonie des César.

La catégorie du meilleur film de court métrage, forcément introduite par un sketch foireux prenant comme argument le sens du mot court (ohé, les mecs, on est en 2017, on peut peut-être passer à autre chose...), a abouti à un improbable ex-aequo que les hasards de l'arithmétique ont rendu possible, même sur presque cinq mille votants. Heureusement, c'est Alice Diop (photo) pour Vers la tendresse et Maimouna Doucouré pour Maman(s) qui se partagent le trophée – les organisateurs n'avaient pas prévu le coup et il n'y en avait en effet qu'un, même si personne ne restera en rade comme l'a confié, assez drôlement cette fois, le présentateur Jérôme Commandeur. À noter les discours de remerciement émouvants et/ou engagés des deux réalisatrices venues au cinéma depuis un milieu peu favorable pour ce faire.

On rapprochera de leur parcours celui d'Houda Benyamina, incroyablement apaisée par rapport à son happening cannois, et qui a reçu sans surprises pour Divines le César du meilleur premier film, qui persiste à s'appeler ainsi et l'écart de langage contamine jusqu'au producteur du film, qu'on pardonne certes (l'émotion), mais qui précise que c'était aussi pour lui un premier film, source de confusion pour les non intitiés puisqu'il a produit de très nombreux courts métrages auparavant et ne débarquait pas en parfait profane dans l'exercice... Mais ce n'était rien en regard de l'introduction du dit César, où il nous semble bien avoir entendu parler de Pierrot le fou dans une liste de “premiers films”, ainsi que de Classe tous risques, qui n'était pas le premier long de Claude Sautet.

Précisons aussi que Divines a valu le trophée du meilleur espoir féminin à Oulaya Amamra, qui figurera au sommaire du prochain numéro de notre revue, début mai.

Pour l'animation, après les évidences de Mademoiselle Kiki et les Montparnos et du Repas dominical ces dernières années, il n'y avait pas cette année de favori évident, surtout après l'élimination-surprise de Yul et le serpent de Gabriel Harel, qui ne figurait pas parmi les nommés, on l'avait souligné. Et c'est, sans lui faire injure, sans doute celui sur lequel on n'aurait sans doute pas misé le moindre kopeck, Celui qui a deux âmes de Fabrice Luang-Vija, qui l'a emporté. Dommage pour Café froid, Peripheria et surtout Journal animé, dont l'échec sur ce coup est assez incompréhensible.

Au chapitre des incongruités, impossible de ne pas évoquer l'inadmissible injustice ayant détourné le César du film documentaire qu'il méritait à 100% à Dernières nouvelles du cosmos de Julie Bertuccelli au profit du roublard Merci patron ! de François Rufin, ce qui équivaut à cautionner une certaine approche artistique du genre, discutable, au détriment d'une autre, qui ne l'est aucunement.

Bref, de quoi se poser une fois encore pas mal de questions sur les mécaniques de vote...

Christophe Chauville