Livres et revues 28/03/2018

Les vacances du petit Renard

Le nom d’Arthur Cahn nous est devenu familier grâce à ses courts métrages. Il a signé aussi récemment un prometteur premier roman.

Si son titre pourrait aisément évoquer celui d'un album jeunesse, le premier roman d’Arthur Cahn, paru au sein de la flopée d’ouvrages de la rentrée littéraire de janvier, n’en est pas un, bien loin de là... Son héros, Paul, est bien un jeune garçon, qui n’a que quatorze ans, mais ses désirs et ses aspirations l’éloignent sacrément, et définitivement, du monde de l’enfance...

En vacances avec ses parents, sa tante Bénédicte et un ami de celle-ci, il flashe sur cet inconnu, Hervé, qu’il piège en créant un faux profil sur un site de rencontres gay pour pouvoir bientôt converser avec lui de façon intime et parfois plutôt crue. L’homme mûr de quarante-cinq ans est bien loin de se douter que le gamin rondouillard qu’il côtoie au quotidien est son correspondant régulier et c’est l’une des gageures relevées par ce malin récit que de rendre crédible ce qui ne l’est a priori pas naturellement...

On retrouve ainsi le brio et l'assurance du réalisateur issu de la Fémis, plus qu’entrevus dans les courts métrages Au loin les dinosaures (2015, photo de bandeau), qui concrétisait déjà une rencontre imprévue, entre deux adolescents, lors d’une parenthèse campagnarde, et Herculanum (2016), ou la chronique d’une rencontre charnelle, en trois temps, entre deux hommes se rencontrant via un site spécialisé. Une cohérence thématique et formelle, donc, est à l’œuvre, qui se perpétuera peut-être encore à la faveur du long métrage que l’écrivain-réalisateur est en train de développer.

Christophe Chauville

 

Les vacances du petit Renard d’Arthur Cahn, éditions du Seuil, 192 pages, 17 euros.
Paru le 4 janvier 2018.