Livres et revues 01/08/2017

Le récit cinématographique fait peau neuve

À l’occasion de sa troisième édition, ce classique de la théorie du récit cinématographique, signé du tandem André Gaudreault et François Jost, intègre la question des séries.

Classique parmi les classiques, Le récit cinématographique s’adresse aux étudiants de cinéma et à quiconque voudrait se familiariser avec ces questions. Pour sa troisième édition, l’ouvrage se met à la page en renouvelant ses exemples et en prenant en compte les séries, dont la place déterminante dans l’ensemble des fictions audiovisuelles n’est plus à démontrer.

Cette publication offre l’occasion de préciser, pour ceux qui seraient amenés à s’intéresser d’un peu plus près à la chose que, ce que, en puisant ses exemples dans À la recherche du temps perdu, Gérard Genette a – relativement – popularisé, sous le titre Le discours du récit, dans Figures III (1972) et qui consiste à étudier « les relations entre récit et histoire, entre récit et narration, entre histoire et narration », fut, en France, d’abord abordé à propos du cinéma. Genette ouvre d’ailleurs sa première partie en citant le Christian Metz des Essais sur la signification au cinéma (1968) quand il pointe les deux temps du récit, celui de la chose racontée et le temps du récit, constatant que « l’une des fonctions du récit est de monnayer un temps dans un autre temps. » De son côté, Metz rendait hommage à un précurseur, Albert Laffay, qui, en reprenant certains de ses articles dans Logique du cinéma (1964), avait jeté les bases de ce qu’on n’appelait pas encore la narratologie.

On n’est donc pas surpris, à l’orée de l’ouvrage d’André Gaudreault et François Jost, de retrouver ces trois noms, dans les traces desquels les auteurs s’inscrivent en systématisant et en affinant tout ce qui constitue « les possibilités langagières des récits audiovisuels ». Qu’est-ce qu’un récit de fiction ? Comment définir le narrateur dans les films ? Comment se monnayent les temps ? Comment se détermine la question du point de vue ? Telles sont quelques unes des réflexions conduites et éclaircies dans Le récit cinématographique avec une précision et une clarté polies au fil des ans et des rééditions et qui rendent ce classique indispensable.

Jacques Kermabon

André Gaudreault, François Jost, Le récit cinématographique, Armand Colin, 2017, 25 euros.