En salles 27/07/2018

Un premier rôle pour Damien Bonnard

À l’affiche de “C’est qui cette fille ?” de Nathan Silver cette semaine, Damien Bonnard est un familier du court métrage – et du jeune cinéma en général.

Ce n'est pas son “premier premier rôle”, puisqu'on se souvient évidemment qu'il avait vraiment “percé” en 2015 à la faveur du beau film d'Alain Guiraudie Rester vertical, présenté en compétition officielle à Cannes. Il a aussi campé, depuis, l'un des principaux personnages du singulier 9 doigts de F. J.Ossang et on le retrouve aujourd'hui avec plaisir en tête d'affiche de C'est qui cette fille ? – Thirst Street en VO. Signé d'un réalisateur américain, Nathan Silver (dont c'est le quatrième long métrage), il lui donne comme partenaires féminines Lindsay Burdge et Esther Garrel et s'avançe délibérément en “anti-comédie romantique”, axée autour d'une assez timide hôtesse de l'air yankee, Gina, qui rencontre à Paris, un soir, un barman qu'elle prend pour le parfait french lover, passe la nuit en sa compagnie, s'en entiche plus que de raison et traverse l'Atlantique pour venir s'installer au plus près de lui, sans s'être demandé si ce Jérôme hâbleur et moustachu – hé oui ! – avait déjà une petite amie (ou plusieurs)... Le film prend des directions parfois imprévues, l'actrice jouant Gina avouant s'être inspirée de Glenn Close dans Liaison fatale, ce qui pose tout de suite les choses...

Et Bonnard s'affirme, avec aisance et décontraction, en séducteur quelque peu inconséquent et rétif à tout engagement. Un visage sensiblement différent de ce que l'on connaît déjà de lui, notamment à travers les nombreux court métrages qu'il compte à son actif et qui nous avaient conduits à le faire naturellement figurer dans notre portfolio consacré à la nouvelle génération de comédiens des plus prometteurs, dans Bref n°121, il y a tout juste un an. Sans multiplier les titres, citons néanmoins Rétention de Thomas Kruithof, Mon héros de Sylvain Desclous, La ville bleue d'Armel Hostiou et l'électrique Les Misérables de Ladj Ly. Et cette année, le moyen métrage Cross, d'Idir Serghine, et le film d'animation La nuit des sacs plastiques, de Gabriel Harel, bénéficient à leur tour de sa présence, tandis qu'on le verra aussi dans En liberté ! de Pierre Salvadori au cœur de l'automne. C'est bonnard, non ?

Christophe Chauville