En salles 28/08/2018

Rolling Queen

En surprise de pré-rentrée, les Films du Préau sortent cette semaine un film en prises de vue réelles, sur un format de (court) long métrage et à destination du jeune public, bien sûr. Honneur à la “Reine d’un été” !

Spécialiste des programmes de courts métrages d'animation concoctés selon un principe de prospection à l'échelle internationale, les Films du Préau proposent cette fois une fiction avec des acteurs de chair et d'os, pour la plupart très jeunes, et qui nous entraîne dans les pas d'une gamine de 10 ans, Léa, pendant ses grandes vacances passées dans un coin trop tranquille de l'Allemagne rurale (Niendorf, dans le Brandenbourg, en l'occurrence). La fillette entreprend d'intégrer une bande de garçons, experts qualifiés en bêtises diverses, et devra s'imposer, non sans courage ou entêtement, car certains ne voient pas d'un très bon œil un élément féminin s'immiscer au sein du groupe...

Le clin d'œil à un féminisme combattif n'est pas anodin à l'heure des éternels débats version #MeToo, mais c'est aussi un récit d'initiation intemporel qui est déroulé sur un temps bref – Reine d'un été dure seulement 1h07 – et avec le parfum unique des vacances riches de découvertes et d'aventures, avec un parfum de “Bibliothèque verte” d'antan, en ce moment éphémère où on s'apprête à quitter l'enfance, sans toutefois avoir déjà abordé les rives de l'adolescence et de leurs troubles. 

La réalisatrice Joya Thome, née en 1990 à Berlin et qui n'est autre que la fille de Rudolph Thome, auteur d'une bonne trentaine de films depuis la fin des années 1960 (citons Le coup de foudre, en 1991, où Joya était du reste apparue, enfant, comme actrice), avait réalisé auparavant plusieurs courts métrages, dont Geschwister (2012) et Love, Yesterday (2014). Son premier long l'emmène sur un sentier qui fut pavé de gloire tout au long de l'histoire du cinéma, celui des regards lumineux et d'une grande justesse posés sur cette période unique de l'enfance, de Truffaut à Comencini, en passant par Saura, Tarkovski ou Doillon. Il y a pire comparaison...

Christophe Chauville