En salles 09/10/2017

Retour en force pour Laurent Cantet

Cette semaine voit la sortie au cinéma du nouveau film de l’un des récipiendaires français de la Palme d’or cannoise, Laurent Cantet, dont "L’atelier" avait été en mai dernier présenté dans le cadre de la section "Un certain regard". Retour sur son parcours alors que "Tous à la manif" sera en ligne sur ce site à partir du 11 octobre.

La jeunesse, c’est, depuis le début de sa carrière et à trois titres près (L’emploi du tempsVers le sud et Retour à Ithaque), ce qui, évidemment, agite le cinéma de Laurent Cantet – souvent pour le meilleur, d’ailleurs…

Assez logiquement, L’atelier, venant après une adaptation de Joyce Carol Oates, Foxfire, confessions d’un gang de filles (2013), semble en surface la prolonger, à travers une figure de romancière ici interprétée par Marina Foïs – tout en se retournant, dans le même mouvement, sur cette énergie juvénile que le cinéaste sut la plupart du temps si bien capter.

Fidèle à sa manière de grand directeur d’acteurs amorcée dès les courts métrages Tous à la manif et Jeux de plage, voici Cantet, comme pour la Palme d’or Entre les murs, aux prises (ou plutôt en communion) avec des comédiens non professionnels qui insufflent à ce nouveau projet une énergie et une vérité folles. Non parce qu’ils ne sont pas “du métier” (ce qui ne saurait évidemment suffire en soi), mais bien parce que le principe participatif auquel le cinéaste convie ses jeunes comédiens éprouve le meilleur de chacun d’entre eux, qui livrent là, en filigrane d’un film très solidement charpenté, un instantané saisissant de la jeunesse contemporaine (et plus globalement de la société française – de ses peurs, de ses tensions et de ses tentations – en 2017).

Si les scènes d’atelier d’écriture, les joutes verbales offrent un écho convaincant aux scènes de classe d’Entre les murs, elles résonnent aussi, à deux mois d’écart, avec les assemblées générales enflammées du récent 120 battements par minute : Robin Campillo, fidèle collaborateur de Cantet depuis ses débuts, étant ici une nouvelle fois son coscénariste.

L’atelier, enfin, dialogue puissamment avec Jeux de plage – l’un des meilleurs films de Cantet – tant par le cadre solaire où il s’inscrit (la mer, les calanques, La Ciotat) que par le soubassement du récit qu’il met en place : où un jeune homme doit trouver sa place par rapport à un(e) aîné(e), son père dans le court métrage, une écrivaine reconnue dans ce long métrage. À vingt ans d’intervalle, c’est à la fois très impressionnant et aussi une belle évidence. De quoi aussi souhaiter à Matthieu Lucci, extraordinaire révélation, que L’atelier lui donne un élan similaire à celui que Jeux de plage offrit à Jalil Lespert…

Stéphane Kahn

 

Filmographie courts métrages de Laurent Cantet
Les chercheurs d'or (1986, 27 min)
Tous à la manif (1994, 26 min)
Jeux de plage (1995, 27 min)