En salles 17/08/2018

Oulaya Amamra et Karim Leklou : le monde est à eux...

À l’affiche cette semaine de la comédie policière de Romain Gavras “Le monde est à toi”, ces deux jeunes acteurs venus ou passés par le court crèvent l’écran, selon l’expression consacrée...

Ça commence avec du Sardou et ça finit sur du Balavoine, avec  même du Voulzy entretemps, mais là n'est pas la question ! Le monde est à toi, présenté en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, s'appuie non seulement sur une BO brindezingue, mais aussi sur son casting aux petits oignons, où Adjani effectue un pétaradant retour (on sent bien pour elle le César du second rôle féminin l'an prochain...) et Cassel ajoute un olibrius haut perché de plus à sa déjà belle collection. Mais surtout, deux jeunes pousses déjà grandies s'affirment, formant un duo – devenant couple, peu à peu – atypique et inédit. Karim Leklou, qui incarne le héros du film (Farès, appelé plus volontiers “François” par sa mère...), confirme tout le bien que l'on pense de lui depuis longtemps, notamment depuis Marseille la nuit de Marie Monge, toujours visible sur notre site, et même s'il avait alors déjà tenu quelques petits rôles dans d'autres longs métrages. Sa silhouette de nounours, liée à une paradoxale force prête à s'extérioriser, réapparut d'ailleurs récemment dans Joueurs, de la même Marie Monge, après des expériences multiples dans les arcanes du jeune cinéma français, sous la direction de nombre de cinéastes passés par le court métrage (Katell Quillévéré, Cyprien Vial, Élie Wajeman, Raphaël Jacoulot, Delphine et Muriel Coulin, Laurent Teyssier, etc.).

Dans Le monde est à toi, son personnage de petit trafiquant en quête de normalité trouve à qui parler en la personne de la jolie et farouche Lamya, qui l'aide finalement à se sortir d'un sévère guêpier après avoir tenté de l'arnaquer. Oulaya Amamra prête à la jeune fille sa frimousse mutine et sa sacrée trempe, décidément, plus qu'entrevue dans Divines, Caméra d'or à Cannes il y a deux ans et pour lequel sa demi-sœur aînée Houda Benyamina la dirigeait. À bientôt vingt-deux ans, la jeune comédienne originaire de périphérie parisienne (à savoir Viry-Châtillon) figurait l'an dernier dans le portfolio “spécial jeunes comédien(ne)s” de Bref n° 121 (printemps/été 2017). On se souvient de la performance qui nous l'avait révélée, dans Belle gueule, un film court d'Emma Benestan toujours disponible pour les abonnés de Brefcinema. On l'a également vue dans Un métier bien de Farid Bentoumi et on la retrouvera souvent, à n'en pas douter, à l'instar de son compère de cet idéal divertissement de fin d'été. Et en plus, Oulaya y chante, dans une scène de karaoké, le plus grand tube de Toto : Africa. Inmmanquable, forcément...

Christophe Chauville