En salles 25/11/2018

Les contes merveilleux par Ray Harryhausen

Rareté et splendeur de l’animation de répertoire dans les salles obscures à partir du 28 novembre, grâce à Carlotta Films, à travers 5 contes revus par le génie de Ray Harryhausen.

Le nom de Ray Harryhausen bénéficie d'une incontestable (et incontestée) aura, sa postérité est souvent revendiquée (de Star Wars à Avatar, en passant par Pirates des Caraïbes ou Harry Potter), mais son œuve demeure en vérité assez méconnue, en tout cas en France et l'initiative de Carlotta Films de remettre en lumière plusieurs de ses courts métrages en stop-motion de l'après-guerre est d'autant plus précieuse.

“Les contes merveilleux par Ray Harryhausen” revisite plusieurs classiques de la littérature enfantine, mais pas seulement, puisqu'à une version, en ouverture, du “Petit chaperon rouge” – réalisée en 1949 – répond l'histoire de Raiponce, qui resta peu connue chez nous jusqu'au long métrage de Disney (en 2010). Et à un court consacré au classique absolu des frères Grimm Hansel et Gretel succède un autre se concentrant sur la figure, liée à la mythologie grecque, du Roi Midas, celui qui transforme tout ce qu'il touche en or. Le programme s'inscrit donc entre une certaine tradition et une véritable originalité de certains motifs, qui trouve son point d'arrivéeen même tant que celle de la tortue d'Ésope et de La Fontaine, lancée dans une course à distance avec un lièvre hâbleur et si fier de lui que chacun pourra y projeter tel ou tel frimeur contemporain. 

Dans chacun des segments, l'animation en volumes est admirable, c'est peu de le dire, les petits personnages changeant même d'expression, sur la bouche ou dans le regard, d'une seconde à l'autre, comme Hansel et Gretel lorsqu'il sont compris être tombés dans un piège tendu par une odieuse sorcière. Car, et c'est une autre caractéristique du design de ces marionnettes, on ne ménage pas les émotions des jeunes spectateurs en leur proposant des créatures absolument pas policées et même potentiellement effrayantes, que ce soit le très velu loup cherchant à croquer le petit chaperon rouge, la sorcière au nez crochu et à la peau bleutée d'Hansel et Gretel (celle de Raiponce semble moins hideuse !) ou le djinn “nosferatuesque” apparaissant à Midas en vue de faire exaucer ses vœux.

Le lièvre et la tortue, entamé en 1952 et achevé seulement un demi-siècle plus tard, apparaît plus bonhomme, souvent drôle, et ne s'achève plus, c'est le seul, sur l'engageante promesse d'une vie heureuse “jusqu'à la fin des temps”. Ce qui donne au passage l'occasion de louer l'excellent timbre de narration en français des films, qui abolissent finalement la distance temporelle de ces œuvres de jeunesse du démiurgique artiste et des gamins d'aujourd'hui, familiers des effets spéciaux numériques du “tout est possible”. Doublement merveilleux, donc...

Christophe Chauville

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos : © 2004 RAY HARRYHAUSEN. Tous droits réservés.