“Le rire de ma mère” de Colombe Savignac et Pascal Ralite
Quelques mois après une distribution au cinéma assez discrète, ce premier long métrage réalisé à quatre mains est à découvrir en DVD.
Tous les premiers longs métrages n’ont pas été précédés de courts, on le sait pertinemment (ils représentent même 46,3% selon le chiffre du CNC pour la production de l’année 2016), et il n’y a par conséquent aucune raison de passer sous silence les films ainsi entrepris “directement”, si l’on peut dire, par des professionnels déjà aguerris... C’est d’évidence le cas de Colombe Savignac et de Pascal Ralite, coréalisateurs du Rire de ma mère, sorti en salles au début de cette année.
La première, assistante à la réalisation depuis le début des années 2000, a travaillé notamment avec Lucas Belvaux, Cédric Klapisch, Philippe Harel ou encore Christian Vincent. Le second, fils de l'ancien ministre Jack Ralite (qui fut l'un des quatre communistes du gouvernement Mauroy en 1981), est un directeur de production rôdé à la comédie essentiellement et qui a cosigné le scénario de cette chronique familiale entendant relever un défi de taille : parler de la maladie et de la mort – celle, prématurée, d’une mère – de façon légère et en dégoupillant toute tentation de pathos.
La narration prend comme centre d’inertie la personnalité d’un collégien taciturne et timide, Adrien (joué par le jeune Igor van Dessel, qui fut récemment le Louis XV à peine pubère de L’échange des princesses, de Marc Dugain), affrontant après le divorce de ses parents la réalité de la tumeur au cerveau que sa mère aimerait minorer, ou même oublier dans un tourbillon d’exubérance et d’appétit de vivre, parfois trop surligné pour ne pas en être suspect. Dans le même temps, son père a refait sa vie avec une femme plus jeune, qui attend bientôt un bébé, tandis que de premiers émois amoureux bouleversent le jeune garçon, qui aimerait pouvoir dépasser ses réserves naturelles en s’initiant au théâtre.
Sur un sujet finalement proche de certaines fictions télé, les partis pris d’écriture parviennent néanmoins à bien arrimer la dédramatisation escomptée et si Suzanne Clément revisite une fois encore un registre d’extravertie devenu presque une marque de fabrique au bout du compte très “dolanienne”, on apprécie l’ensemble de sensibilité, de solidité et d’humanité déployé par l’assez sous-coté Pascal Demolon – qu’on avait découvert dans de nombreux courts dans les années 1990 –, ainsi que la présence bienveillante de l’indispensable Sabrina Seyvecou, dans le rôle de celle qui deviendra de fait la belle-mère d’Adrien (on peut aussi la voir en ce moment sur notre site dans Juke-box d'Ilan Klipper). Ces deux-là bonifient l’entreprise dans son ensemble, ce qui est une raison amplement suffisante pour une session de rattrapage plutôt riche en émotions.
Christophe Chauville
Le rire de ma mère de Colombe Savignac et Pascal Ralite, DVD, Orange Studio, 16,99 euros.
Disponible depuis le 22 mai 2018.
