DVD 24/10/2018

“#JR. L’art sans frontières”, un film sur l’artiste qui n’a pas poussé les gens dans la rue, mais y a mis leur photo...

Les Éditions Montparnasse éditent en DVD ce film de Serge July et Daniel Ablin, produit par Folamour. Un reportage intéressant sur l’artiste et la diversité de ses œuvres.

Le terme de reportage s'impose, en effet, et non de documentaire, car le film manque d’un dispositif particulier pour mettre en scène l’histoire de JR. Une série d’entretiens, imbriqués les uns dans les autres, ponctuent les images du travail de l’artiste ou de l’artiste au travail. On voit également JR à ses débuts, taguant les murs et les toits de Paris, déjà dans un désir d’exposer aux yeux du plus grand nombre, aux yeux de ceux qui ne vont pas dans les musées. Une voix off prend en charge la narration de l’histoire et donne une cohérence chronologique à l’ensemble. Parmi les intervenants, le directeur du musée Picasso, le directeur du Palais de Tokyo, le directeur du studio de JR ou encore Agnès Varda, qui ne parle pas uniquement de leur film Visages villages, mais aussi de la personnalité de l’artiste et de leurs points communs. À travers ses images et ses témoignages, le film permet de retracer le parcours de cet homme aux éternelles lunettes noires et au chapeau vissé sur la tête.

JR a commencé par taguer les murs, mais ce qui l’intéressait vraiment, c’était les tagueurs. Il se met alors à les prendre en photo et à coller ces photos sur les murs de la ville. C’est la naissance des premières “Expos 2 rue” qui font s’arrêter les gens sur le chemin du métro. Les réalisateurs prennent le parti de mettre l’accent sur l’aspect collectif de l’art de JR. Il prend des individus en photo, certes, mais pour susciter ensuite un sentiment d’ensemble, propre à toucher massivement les habitants, les communautés d’une ville. Il crée une “émotion collective”. Il prend des portraits de personnes grimaçantes et les affiche dans des dimensions gargantuesques sur les murs de quartiers. Ainsi, il peut réussir à changer le regard des gens comme il a changé l’image des jeunes de Montfermeil. La frise de 36 mètres de long et 4 mètres de large qu’il a installée dans cette ville lui a par ailleurs valu le “Ted Prize” de Los Angeles, ce qui lui a permis de lancer son projet “Inside Out” : n’importe qui peut lui envoyer un portrait, JR le fait imprimer n’importe où, et chaque affiche défend une cause. En faisant exister ceux que l’on refuse de voir, il est devenu pour beaucoup un média à part entière, à même de changer le monde.

Anne-Capucine Blot


#JR, l'art sans frontières, de Serge July et Daniel Ablin, DVD, Éditions Montparnasse, 19 euros.
Disponible depuis le 16 octobre 2018.

 

Photo de bandeau : “28 millimètres, portrait d'une génération” : Braquage, Ladj Ly by JR (Les Bosquets, Montfermeil, 2004).