Web et TV 16/12/2020

Le come-back du court métrage sur Canal+

Interrompue au début de l’été, la diffusion de “Top of the Shorts” a repris en ce mois de décembre. Une nouvelle très positive pour le secteur du court métrage nous a conduit à questionner à ce propos Brigitte Pardo, responsable des programmes “Courts et créations” de Canal+.


Photo : © Sauve qui peut le court métrage / Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

Le magazine Top of the Shorts revient sur Canal+ cinéma sous une nouvelle formule, avec une “première” qui a eu lieu le 13 décembre. Qu’est-ce qui a amené jusque-là ?

Top of the Shorts est désormais un magazine de courts métrages bimensuel d’un format de 45 minutes, multidiffusé sur Canal+ cinéma le deuxième et le quatrième dimanche de chaque mois vers 22h30. La fabrication se fait désormais différemment. Ce nouveau format permet à la fois de maintenir une émission à l’antenne, mais également de proposer une durée susceptible d’y programmer, toujours autour d’une thématique ou d’un événement, un nombre plus grand de films qui s’y répondent.
 
L’arrêt de l’émission au début juillet semblait définitif et avait secoué toute la profession, le soutien de Canal+ étant crucial au sein de la production courte française dans son ensemble. Que pouvez-vous dire de ce positionnement aujourd’hui ?
 
Il est important, au-delà des “Surprises” qui sont des programmations non annoncées de l’antenne, d’offrir ce rendez-vous régulier et identifié qu’est le magazine Top of the Shorts afin de donner une visibilité plus grande aux courts métrages acquis, la revendication d’un espace cinématographique aux formats différents, un espace d’expression aussi pour les réalisateurs et réalisatrices de venir présenter leurs œuvres.
 
Un certain “esprit Canal”, qui est parfois juste fantasmé, inspire-t-il les préachats et achats de la chaîne en matière de court métrage ? Comment définiriez-vous votre ligne éditoriale, actuelle en premier lieu ?
 
Définir une ligne éditoriale est toujours difficile. Les registres sont multiples. La considération se fait film par film et en ce sens ne répond pas à une recette unique. Certes, il y a des questions de durée de films, de cadre de programmation, mais il s’agit toujours de la rencontre avec l’univers d’un réalisateur au moment des visionnages ou d’un enthousiasme, d’une curiosité, d’une croyance, lors de la lecture des scénarios.



Qu’en est-il de l’annuelle “Collection” qui est produite chaque année par vos soins depuis les années 2000 ?
 
À la fin du mois de juin dernier, un jury composé de lecteurs et de scientifiques s’est réuni pour faire émerger dix propositions de récits dans le cadre d’une nouvelle Collection : “On s’adapte”. Les projets s’inscrivent à travers des sujets aussi variés que l’énergie, le recyclage, la migration climatique, la solidarité… Et pour chacun la volonté revendiquée d’une transition écologique possible et positive. Le principe de cette thématique est de contribuer à la fabrication d’un nouvel imaginaire collectif et de proposer des visions cinématographiques d’un futur enviable. Après quelques mois de développement et de réécriture, les scénarios sont quasi aboutis et la diffusion des films est prévue en fin de second semestre 2021. La particularité de cette initiative est que la fabrication des films doit intégrer une démarche éco responsable.
 
En tant que partenaire historique du Festival de Clermont-Ferrand, comment allez-vous aborder son édition très spécifique qui se profile pour 2021 ?
 
Cette année encore, Canal+ a renouvelé son engagement auprès du Festival de Clermont-Ferrand sous la forme d’un partenariat. À cette occasion seront décernés un Prix Canal+ sous forme d’un préachat pour un projet à venir pour la réalisatrice ou le réalisateur primé(e) dans la compétition nationale et un Prix au sein de la sélection Labo ou internationale, en association avec Ciné+, sous forme d’un achat de droits du film primé. Du point de vue des projections, on croise les doigts pour que la Carte blanche à Canal+ soit maintenue en présentiel le mercredi 3 février, en salle Jean-Cocteau à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand. Cinq œuvres ayant fait l’objet de préachats y seront projetés : Bruits blancs de Thomas Soulignac, Dustin de Naïla Guiget, Filles bleues, peur blanche de Marie Jacotey et Lola Halifa-Legrand, Finale de Stéphan Castang et SOS de Sarah Hafner. Une façon de revendiquer la singularité et la multiplicité des regards que nous recherchons aux Programmes Courts et créations. En parallèle, nous aurons à l’antenne deux Top of the Shorts spéciaux sur le festival : avec le 10 janvier le court métrage palestinien The Present de Farah Nabulsi (Prix du public 2020 en compétition internationale) et un film turc : Servis de Ramazan Kiliç, puis le 24 janvier une seconde émission avec Clean With Me de Gabrielle Stemmer (Prix spécial du Jury national en 2020, photo ci-dessus) et Da Yie d’Anthony Nti (Grand prix international 2020, photo de bandeau). Sans oublier une partie digitale sur MyCanal, à travers un corner consacré au festival clermontois avec de nombreux courts métrages repérés lors de la précédente édition.

 
La question du digital et de la présence du court métrage en replay et sur MyCanal modifie-t-elle la donne par rapport à l’émission qui est diffusée à l’antenne ?
 
L’antenne et le digital ne sont pas en concurrence : ils se complètent. Ce sont deux façons différentes de découvrir l’univers du court métrage et il est important de les proposer à nos abonnés. Les courts métrages sont acquis en exclusivité pour l’antenne et trouvent en parallèle leur exposition en “catch up” ou SVOD sur MyCanal. L’émission Top of the Shorts est disponible en replay J+7 pour les abonnés et non abonnés, sur MyCanal et sur la chaîne Dailymotion dédiée aux Programmes courts. Les courts métrages sont également associés à des thématiques antenne plus larges, reprises dans des corners digitaux sur MyCanal. Ce sera le cas, par exemple, en janvier avec la “Semaine phénoménale” pour Nuage de Joséphine Darcy Hopkins, repéré à l’Étrange Festival (photo ci-dessus) et Acide de Just Philippot, un préachat de notre Collection sur le fantastique.
 
Pour donner quelques chiffres plus précis, sur combien de titres s’est porté l’investissement global de Canal cette année ?
 
En 2020, nous avons achetés 49 films (dont 20 français) et préachetés 28 films français. Plus de 68% de notre budget a été alloué à ces préachats. Au total, ce sont plus de 12h30 de courts métrages français qui ont été diffusés sur nos antennes. Quelques exemples de préachats contractés en 2019 et bientôt en diffusion : T’es morte Hélène de Michiel Blanchart (Formosa Productions), À la mer de David Bouttin (Comic Strip Production) ou encore Homeless Home d’Alberto Vazquez (Autour de Minuit).

Sauriez-vous distinguer, pour mettre l’eau à la bouche, un ou deux titres qui seront à voir au sein de l’émission dans les prochains mois ?

Parmi d’autres nouveautés, on verra Un adieu de Mathilde Profit, Prix Jean-Vigo du court métrage 2020, ou Grab Them, un court suédois parodique de Morgane Dziurla-Petit autour d’un personnage qui aspire à l’amour, mais qui ressemble au président américain. Enfin, au précédent !
 
Il est difficile de ne pas évoquer pour conclure l’activité à la tête des Programmes courts de Pascale Faure, partie cette année et avec qui vous avez travaillé étroitement. Que retiendriez-vous prioritairement de cette période ?
 
Une identité, une curiosité qui existent depuis la création des Programmes courts à Canal+, sous l’égide d’Alain Burosse, et une transmission de ce désir d’expression créative en constante transformation qui s’est poursuivie avec Pascale Faure. Une collaboration de trente années, riches en propositions qui se sont développées, sophistiquées au fil du temps, comme les Collections Écrire pour... ou des rencontres de possibles devenus films grâce à l’énergie et à l’envie de découvertes constamment renouvelées. Une sorte d’ADN du court métrage qui se diffuse et se déploie quelques soient les “revisitations” structurelles. Une véritable croyance, partagée par nous tous, en la force vive du film court !

Propos recueillis (par mail) par Christophe Chauville


 À lire aussi :

- L’émission de Top of the Shorts du 13 décembre 2020.