News 13/07/2022

Paris Courts devant : alerte rouge !

Les organisateurs du Festival Paris Courts devant, Rémi Bernard et Nathalie Kouper, ont récemment publié un communiqué qui a mis le secteur en émoi et déclenché une vague de réactions de soutien : l’avenir de la manifestation étant clairement menacé, nous avons voulu leur donner la parole pour en savoir plus et pour que, dans l’idéal, une solution se fasse jour rapidement.

Vous avez récemment tiré la sonnette d’alarme quant à la tenue de la prochaine édition de Paris Courts devant, prévue début 2023, et le péril apparaît très réel : que et combien précisément vous manque-t-il pour boucler le budget nécessaire ? 

Sur un budget, fort raisonnable, de 90.000 €, il nous manque 45.000. Ce qui nous permettrait, notamment, de travailler dans des conditions juste décentes en engageant une petite équipe de septembre à janvier et d’avoir un bureau pour la prépa du festival. Le prêt d’un bureau nous permettrait évidemment de faire l’économie d’un loyer. 

Quelles sont concrètement vos attentes suite à cet appel et quels types de financements espérez-vous en retour rapidement débloquer ?

Nous espérons provoquer un exercice d’intelligence collective pour trouver des solutions à plusieurs problèmes conjoints qui ne font que s’aggraver depuis 2016 : notamment la diminution dramatique des financements publics à Paris pour les festivals de cinéma, le désengagement total des sociétés de perceptions de droits d’auteurs de la plupart des festivals, nous y compris (SACD, Adami, Sacem) et la frilosité accrue, héritée notamment des deux années covid, des partenaires privés.

Soit en s’adressant directement aux principaux décideurs de ces institutions, soit en fléchant d’autres ressources, privées : mécénat, fondations, partenariats, etc. palliant l’effritement permanent des ressources publiques.

“Quinze fois par terre, seize fois debout !”, avez-vous écrit dans votre communiqué : l’histoire de Paris Courts devant a-t-elle toujours connu cette épée de Damoclès financière au-dessus de la tête ?

À part une embellie notable en 2016, depuis la création du festival, il n’est pas une seule édition où on ne se soit regardés à un moment en se demandant : “Est-ce qu’on va y arriver ?”. On n’a en effet jamais eu l’assurance, d’une année sur l’autre, d’avoir le budget suffisant pour boucler le festival. Notre écosystème de festival, avec toutes les rencontres, les lectures, les dispositifs, tout ce qui fait l’âme de Paris Courts devant en plus des compétitions – et qui nous paraissent essentiels – nécessite une équipe et un minimum de moyens.

Or depuis 2017, nous ressources ont été vraiment divisées par huit. Qui ne s’affolerait pas si on divisait son salaire par deux tous les ans pendant quatre ans ? Le festival devient donc impossible ! D’où la sonnette d’alarme… 

Ressentez-vous des difficultés supplémentaires pour une manifestation désireuse de se dérouler dans Paris intra-muros ? Comment cela se traduit-il ?

Très certainement. Les collectivités territoriales sont en général les principaux partenaires financiers des festivals. Tous les festivals significatifs, en dehors de Paris, en plus de leur commune et de leur Région, peuvent généralement compter aussi sur leur département et la communauté de communes quand elle existe. Et surtout sur l’adhésion active de la municipalité qui les accueille et pour laquelle ils sont un booster d’activité à la fois culturelle et commerciale. Paris est à la fois municipalité et département. Et l’offre culturelle y est à la fois extrêmement diverse et pléthorique… Et, en regard de nos homologues en régions, l’expérience montre que, à envergure de manifestation équivalente, le soutien financier de leurs villes est dix à vingt fois supérieur à celui que nous accorde la Ville de Paris. C’est malheureusement un fait intangible et une réalité.

De plus, la capitale, de par la profusion de son tissu économique et commercial, se prête paradoxalement moins à des partenariats privés locaux – magasins, restaurants, hôtels, transports, prêts de locaux, apports en industrie ou en matériel. Et tout y est plus cher.

Qu’attendez-vous aujourd’hui, dans ce contexte de totale urgence, de tous vos soutiens, amis, spectateurs, professionnels déjà passés par le festival ?

Pour sauver la prochaine édition, nous aurons peut-être en fin de parcours recours à un appel à dons, mais nous trouvons qu’il n’est ni sain, ni normal que les ressources d’un festival reposent sur du financement participatif.

Alors nous espérons des messages d’alerte personnalisés adressés directement à nos autorités de tutelle pour revaloriser leurs soutiens, nous espérons des mises en contact directes avec des partenaires financiers privés potentiels, des fléchages appuyés vers des annonceurs qui pourraient être présents dans nos supports de communication, nous espérons des solutions concrètes permettant des économies (prêts de bureaux, mécénat de compétences, partenariats en communication, en industrie, en matériels, etc.).

Notre association est éligible au rescrit fiscal permettant une défiscalisation à 60% des sommes investies sans contreparties, à la fois pour les personnes morales et physiques. Ce qui n’est pas négligeable !

Nous avons déjà reçu une ou deux propositions de collaboration concrètes, qui, bien qu’elles ne soient pas suffisantes encore, nous donnent quelques raisons d’espérer. Mais elles prendront probablement un peu de temps à se mettre réellement en place.

Il faut donc continuer activement la mobilisation !

Propos recueillis par Christophe Chauville

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- Le palmarès de la 16e édition de Paris Courts devant.