News 09/04/2020

Mikhaïl Kobakhidzé, cinéaste muet

Le 5 avril, Mikhaïl Kobakhidzé aurait fêté ses 81 ans. Disparu l’automne dernier, il avait souvent été évoqué dans les pages de “Bref” et l’un de ses amis universitaires, Kristian Feigelson, nous a contactés pour publier à son égard un court hommage qu’il mérite amplement !

Mikhaïl Kobakhidzé (1939-2019) a disparu à la mi-octobre 2019 des suites d’une longue maladie, à Tbilissi. Cinéaste géorgien, après avoir fini le VGIK, il réalisa à Moscoun dans l’atelier de Sergueï Guerassimov, 5 courts métrages, dont La noce (1964), primé à Cannes. À mi-chemin entre Tati et Keaton, il s’obstinait à tourner en noir et blanc un cinéma à l'écriture bien spécifique, celle du muet. Après Les musiciens (1969), courte parodie du roman Guerre et paix, il fut accusé de formalisme et banni du cinéma en URSS. Il exerça alors divers métiers tout en continuant à écrire des scénarios. 

En novembre 1983, son fils Guéga, acteur sur le tournage de Repentir, de Tenguiz Abouladzé, détournait un avion avec un groupe d’intellectuels géorgiens, dont un prêtre, pour fuir à l’Ouest. Jugés, tous devaient être exécutés en Union soviétique, juste avant la Pérestroïka. Un film de fiction géorgien, Otages de Reza Guigineichvilli (2017), retrace cet épisode tragique. Redécouverts plus tard, lors d’une rétrospective au Festival de Venise en 1996, puis restaurés, les films de Mikhaïl Kobakhidzé ont été montrés à Paris, d’abord au Studio des Ursulines, puis plus récemment à la Cinémathèque française, en juin 2019. En France, où il séjournera une dizaine d’années, il réalisera son dernier court métrage, muet lui aussi : En chemin ( 2002), fable axée sur le motif de la dépossession. Ces dernières années, le cinéaste était retourné en Géorgie, où il enseignait la mise en scène.

En 2005, il publia en guise d’épilogue le texte Blanc et noir”, où il retraçait son parcours (in Théorème 8, “Cinéma et stalinisme”, sous la direction de Kristian Feigelson, Presses de la Sorbonne-Nouvelle, 2005) : “Tous les évènements de ma vie, je les perçois comme une leçon du ciel. Je pense, et cette pensée me hante, que je n’aurais pas dû faire du cinéma. En résumant le parcours qui fut le mien, à l’instar d’autres cinéastes amis maintenant disparus – Paradjanov, Tarkovski –, j’aurais pu écrire le scénario d’un mauvais film.” 

Kristian Feigelson

 

Un coffret DVD, Six films courts de Mikhaïl Kobakhidzé, était paru en 2009 chez Arkéion Films.

Photo de bandeau : En chemin (2002).
Photos incluses dans le texte : La noce (1964) et Carrousel (1962).

 

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