Livres et revues 25/11/2022

Ces Belges qui font le cinéma français

Derrière ce pertinent titre se profile la publication d’une série de huit entretiens avec des professionnels du cinéma originaires de Belgique francophone et travaillant très fréquemment côté français.

C’est fort logiquement Louis Héliot, du Centre Wallonie-Bruxelles, qui a coordonné cet ouvrage passionnant paru il y a quelques semaines aux Impressions nouvelles. Grand expert du cinéma belge de langue française et cheville ouvrière de sa diffusion, il a également signé une introduction remettant à sa juste place l’apport très important de personnalités venues du plat pays dans l’histoire du cinéma français, de tout temps (il suffit de remonter à Alfred Machin, puis à Jacques Feyder ou à Pierre Chenal…), ce qu’illustrent des entretiens au long cours retranscrits sur la base de rencontres publiques s’étant tenues au Forum des Images ou à l’École des Arts de la Sorbonne à la fin de 2020 ou au long de l’année 2021.


Émilie Dequenne, avec Vincent Macaigne, dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret (2020).

Le générique réunit trois cinéastes de tout premier plan – Lucas Belvaux, Joachim Lafosse et Fabrice du Welz – et deux interprètes qui sont parmi les plus remarquables du cinéma francophone contemporain : Émilie Dequenne et Olivier Gourmet. La productrice Anne-Dominique Toussaint (qui a un pied de chaque côté de la frontière, avec deux sociétés actives), la scripte Véronique Heuchenne (au métier finalement mal connu) et la costumière Pascaline Chavanne (dont on ignorait en vérité qu’elle fût belge !) sont aussi intéressantes à entendre – ou du moins à lire, ici…

 
Adoration de Fabrice du Welz (2020).

On est, à la lecture, souvent entraîné au cœur même du processus concret de fabrication des films, on croise les noms d’autres grands réalisateurs (des frères Dardenne, sans surprise, à Pierre Schoeller, Louis Garrel ou François Ozon), on s’amuse des différents points de différence entre le milieu du cinéma tel qu’il est dans les deux pays voisins (en Belgique, on ne se la pète pas comme chez nous, ce n’est pas une découverte…) et on admire la rigueur dans le travail de ces artistes précis et nourrissant en permanence leur art.

Il est forcément très peu question de courts métrages au fil des pages, sinon Tribu de Joachim Lafosse (photo de bandeau), mais la balade permet à ce dernier de reconnaître et expliquer le seul échec dans son parcours (Les chevaliers blancs), à un Gourmet d’évoquer des titres moins connus de sa filmographie (comme Mon colonel de Laurent Herbiet) ou à Du Welz, qui demeure sous-estimé, de manifester son immense cinéphilie. Une lecture idéale pour attendre 2023 et la parution de 125 ans de cinéma belge, signé… Louis Héliot, who else ?

Christophe Chauville

Ces Belges qui font le cinéma français, sous la direction de Louis Héliot, Les Impressions nouvelles, collection Caméras subjectives, 240 pages, 22 euros.
Disponible depuis le 22 septembre 2022.

À voir aussi :

- Des coproductions franco-belges en ligne sur Brefcinema : Réplique d’Antoine Giorgini et Un grand silence de Julie Gourdain.

À lire aussi :

- Les 30 ans du Festival Le Court en dit long.