En salles 13/10/2022

Yuku et la fleur de l’Himalaya : un premier long métrage musical et philosophique

Pour son passage au format long, le réalisateur et producteur Arnaud Demuynck, accompagné de Rémi Durin, propose une comédie musicale enlevée et joyeuse qui n’hésite pas à aborder avec finesse la question du deuil. Sortie en salles le 19 octobre chez Gebeka Films.

Voilà plus de vingt ans, depuis L’écluse en 2000, qu’Arnaud Demuynck, fondateur des sociétés de production Les Films du Nord et La Boîte… Productions, réalise des courts métrages. S’étant tourné vers l’animation depuis Signes de vie en 2004, il s’est ensuite spécialisé dans la production de programmes pour les enfants, accompagnés par “La chouette du cinéma”, personnage récurrent servant de fil rouge entre les courts métrages présentés lors de chaque séance.

En compagnie de Rémi Durin, son complice du Parfum de la carotte (2014), il s’est donc lancé pour la première fois dans un format de long métrage, qui arrive dans les salles à quelques jours des vacances de la Toussaint. Restant fidèle au thème de la musique qu’il avait déjà exploré à plusieurs reprises, notamment avec Le vent dans les roseaux (coréalisé avec Nicolas Liguori en 2017), et Dame saisons (coréalisé avec Célia Tisserant en 2021), l’auteur-réalisateur-producteur propose une véritable comédie musicale à hauteur d’enfants.

L’argument est simple : Yuku est une petite souris débrouillarde qui aime chanter et jouer du ukulélé. Lorsque sa grand-mère adorée s’apprête à “descendre dans les profondeurs de la terre en compagnie de la petite taupe aveugle”, elle décide de partir à la recherche de la fleur de l’Himalaya dont la légende raconte qu’elle diffuse une lumière éternelle. Cette quête forcément initiatique sera ponctuée de rencontres et de chansons qui lui permettront de trouver la force de grandir et de laisser partir sa mamie.

Avec humour et délicatesse, le film rappelle l’importance de la transmission et du partage, qui passent notamment par le rituel autour de la lecture du conte, puis par la musique qui permet à Yuku de venir en aide aux différents personnages qu’elle croise sur sa route… et donc d’en être aidée en retour. Ces chansons entraînantes, qui varient les genres et les tonalités, du blues au rap, et portées par des artistes reconnus tels que Tom Novembre, Agnès Jaoui ou Arno, abordent joliment, et sans mièvrerie, des thèmes importants comme la confiance en soi ou le courage d’affronter ses peurs. La notion du deuil et de son acceptation est également présente tout au long du récit puisqu’il ne s’agit jamais pour Yuku de trouver un remède pour sauver sa grand-mère, mais bien de lui faciliter le passage vers l’au-delà.

Yuku et la fleur de l’Himalaya réussit ainsi l’alliance complexe entre une succession d’aventures romanesques et rythmées – mais sans être frénétiques – et une double lecture plus philosophique sur la valeur de l’existence et la nécessité de s’émerveiller de ce qui nous entoure. D’autant que les devinettes énoncées d’abord par la souris âgée, puis par sa petite-fille, aident le jeune public à poursuivre la réflexion engagée par le film sur le temps qui passe, ou la perception que l’on a du monde. Une vraie réussite pour ce premier long métrage plein de fantaisie et de pudeur qui s’adresse avant tout à l’intelligence des enfants… et de leurs parents. 

Marie-Pauline Mollaret


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- Sur Le vent dans les roseaux, en 2017.