En salles 06/01/2020

“Un vrai bonhomme”, de Benjamin Parent : ceci est bien un film de teenagers

Presque huit ans se sont écoulés depuis la découverte à Cannes de “Ce n’est pas un film de cow-boys”. Son réalisateur Benjamin Parent revient avec son premier long métrage, “Un vrai bonhomme”, qui sort au cinéma ce mercredi 8 janvier.

Après avoir glané des prix dans une pléthore de festivals – dont la Queer Palm au Festival de Cannes en 2012 – avec Ce n’est pas un film de cow-boy, Benjamin Parent revient aux thèmes qu’il affectionne, notamment la place d’être un (bon)homme dans le monde contemporain, sujet éminemment actuel. Son précédent film contait les déboires de jeunes ados en pleine construction identitaire en discutant du beau Secret de Brokeback Moutain d’Ang Lee (2005) et de son histoire d’amour homosexuelle nuancée. Un vrai bonhomme permet de s’attarder plus longuement sur ce motif de la masculinité, et plus particulièrement de la virilité chez les jeunes gens. Ce premier long métrage – sélectionné au Festival de Saint-Jean de Luz – permet de densifier le récit, sans pour autant le complexifier, et d’élargir les enjeux, notamment sur les fondements de l’éducation (un père exigeant, un patriarcat asphyxiant, le culte du corps) ou encore de la schizophrénie et autres névroses.

 

 

 

 

 

 

Toutes les œuvres de Benjamin Parent tiennent place dans un environnement scolaire. Que ce soit le collège dans la série Les grands diffusée sur OCS et centrée sur la vie tumultueuse des adolescents, les toilettes comme espace de confidence dans Ce n’est pas un film de cow-boy ou, enfin, le lycée dans Un vrai bonhomme, qui accumule les séquences de “teenage movie” et son lot attendu de harcèlements en tous genres, ou encore les premiers émois amoureux. Le film oscille étrangement entre la caricature et la sensibilité, porté par une mise en scène illustrative contrebalancée par un propos plutôt pertinent.

 

 

 

 

 

 

Le réalisateur a également un intérêt pour la dynamique du duo. Dans Ce n’est pas un film de cow-boy, il alternait la vision de deux garçons (parmi lesquels Finnegan Oldfield, qu’on a pu notamment revoir dans Marvin ou la belle éducation d’Anne Fontaine, 2017), s’interrogeant sur leur sensibilité respective, et deux filles (dont Garance Marillier, révélée par Junior et Grave de Julia Ducournau, 2016) se questionnant sur un parent différent des autres. C’est là la sève du projet : mettre en scène la différence au sein de la convention et des invectives sociétales. Tom (Thomas Guy), introverti et mal dans sa peau, souffre de l’absence de son frère décédé – l'intarissable et populaire Léo, joué par Benjamin Voisin (l'enjeu narratif étant rapidement dévoilé au spectateur), qu’il revoit lors de visions fantomatiques à la fois bénéfiques et toxiques, toujours avec cette idée de dualité pour avancer et se construire. Au final, ce “premier film” sur des êtres encore immatures traite de sujets assez mûrs.

William Le Personnic
 


Filmographie courts métrages de Benjamin Parent :

JCVD in Love (2003, 4 minutes)
Ce n'est pas un film de cow-boys (2012, 11 minutes)

À lire aussi :

- Pères et impairs, un programme de courts métrages à l'attention du public ado.

- Finnegan Oldfield, à l'affiche de Marvin ou la bonne éducation.