En salles 09/02/2022

L’horizon… et la boussole de la génération climat

C’est l’une des bonnes surprises de la semaine que ce premier long métrage d’Émilie Carpentier, auparavant passée par le court.

C’est loin d’être la sortie la plus médiatisée de ce mercredi, mais L’horizon mérite d’y tourner nos regards… Ce premier long métrage distribué sur une combinaison plutôt mesurée par les Films du Losange est signé Émilie Carpentier, dont on avait apprécié l’étrange intensité d’un court produit par La Luna, il y a une quinzaine d’année : Les ombres qui me traversent (2007, photo ci-dessous).

Le film avait alors remporté le Prix de la meilleure première œuvre de fiction à Clermont-Ferrand et mettait en scène une jeune fille, en Roumanie, un soir de fête du 15 août dans un village, où l’on s’amusait, dansait, buvait, mais où l’ambiance se faisait peu à peu plus tendue, inquiétante, avec les regards des hommes plus insistants… La rigueur de la mise en scène, du cadrage et du montage trouvait un parfait contrepoint dans l’économie de dialogues et l’importance données aux sons, sensations, ambiances.

Le temps a passé et si la réalisatrice a signé un autre court en 2010, Au large, celui-ci est – malgré une sélection au Festival Tous Courts – passé sous nos radars, avouons-le, et la sortie de son premier long métrage, L’horizon, est un peu une surprise. Une bonne, car on retrouve une énergie de filmer intacte, dans les pas d’une autre adolescente, Adja, qui vit bien ici et maintenant, du moins en grande couronne parisienne, et qui, à dix-huit ans, déborde de désir de vivre et d’en profiter, même si l’époque est peu favorable à l’épicurisme. La rencontre inattendue d’un premier amour, à travers le personnage d’un congénère de lycée, et, par son intermédiaire, de tout un monde inconnu va bouleverser son existence et orienter de façon décisive son destin.

Arthur, en effet, milite au sein d’une ZAD proche du quartier et une prise de conscience va s’opérer dans l’esprit de la jeune fille plus habituée à côtoyer des choses futiles, emblématiques des temps – une copine apprentie “influenceuse” obsédée du selfie, un frère footballeur professionnel inconscient de la précarité de son statut quand il se blesse, etc. Le portrait est plutôt fin, représentatif d’une génération volontaire et lucide, qui pourrait inventer quelque chose, dans sa totale vitalité et une certaine pureté suscitant d’évidence l’empathie, sinon l’admiration. 

Une nouvelle venue, la jeune Tracy Gotoas, se distingue assez remarquablement dans le rôle principal d’un film en forme de chronique d’initiation réussie qui fait écho, en un sens, au Rêves de jeunesse d’Alain Raoust, sorti en 2019.

Christophe Chauville

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