En salles 15/09/2021

Éternel Jean Vigo !

Le très cinéphile distributeur Malavida lance en salles, à partir du 29 septembre, une intégrale Jean Vigo, donc trois courts et un long métrage, à l’intemporelle poésie et à la portée toujours intacte. Brefcinema est partenaire de cette réédition majeure, en copies numérisées restaurées.

Qu’écrire de nouveau sur l’œuvre de Jean Vigo ? Parti trop vite (à l’âge de 29 ans), le cinéaste demeure mythique, presque 90 ans – oui, 90… – après sa disparition et le programme proposé par Malavida, lié au travail de restauration en 4K des quatre films concernés effectué Gaumont, porte le meilleur titre que l’on puisse imaginer : “Jean Vigo l’étoile filante”.

Moins de 200 minutes de cinéma au total, mais l’éternité touchée du doigt… Récapitulons : en 1930, le réalisateur a 25 ans et réalise À propos de Nice (photo ci-dessous), chef-d’œuvre d’impertinence montrant l’envers du décor de la Riviera, avec la fougue politique du fils d’anarchiste qu’il est (en l’occurrence celui du journaliste Miguel Almeyreda).

L’année suivante se glisse Taris ou la natation (photo de bandeau). On l’aurait sans doute oublié autrement, mais Jean Taris était un jeune nageur, donc, champion de France de surcroît, et le film est un court métrage documentaire répondant à une commande de la Gaumont. Humour et poésie sont au rendez-vous, permettant à Vigo d’embrayer en 1933 sur Zéro de conduite (photo ci-dessous).

50 minutes, la photo de Boris Kaufman, la musique de Maurice Jaubert, la censure qui frappe, la révolte des pensionnaires, les plumes qui volent… On renvoie évidemment au copieux et passionnant dossier consacré à ce film inoubliable dans Bref n°123 (2018, toujours disponible ici) par l’éminent Émile Breton, époux de la regrettée Luce Vigo, fille du cinéaste et qui était encore toute petite lorsque celui-ci s’éclipsa.

En 1934, Vigo achevait, malade et condamné, son seul long métrage, L’Atalante, quatrième film de cette intégrale, tout aussi sublime, avec sa péniche, ses audaces formelles, l’amour fou cher aux surréalistes, la musique de Jaubert (encore lui) et le nombril-qui-fume de Michel Simon, curieux marin tatoué. À partir du 29 septembre prochain, il conviendra de découvrir ou revoir d’urgence, sous leurs plus beaux atours, ces monuments de l’histoire du cinéma français, nous pesons nos mots…

Christophe Chauville

Photos : © Gaumont/Malavida.

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