En salles 26/06/2022

Didier Barcelo reprend le volant : En roue libre

Ses courts métrages commencent à s’éloigner dans le temps, mais le premier long de Didier Barcelo prendra bien la route à partir du 29 juin, dans le sillage d’un duo inédit : Marina Foïs et Benjamin Voisin.

Distribué par Memento, En roue libre est l’une des (bonnes) surprises françaises du début d’été. On n’avait plus tellement eu de nouvelles de son auteur depuis ses courts, qui étaient eux-mêmes séparés de quelques années : Les crayons (photo ci-dessous) avait bien circulé en 2004, suivi au début de la décennie suivante de The End, pour sa part présenté à Berlin, Tous deux traduisaient un tropisme pour le fantastique et la comédie à la fois, avec des arguments potentiellement saugrenus.

Dans le premier, d’une durée réduite à trois minutes, on s’amusait de s’immerger dans une amourette toute mimi entre deux gamins sortant d’un spot de pub baigné d’une musique “disneyenne” et on versait plaisamment dans un registre horrifique bien décalé : ces images un peu cucul étaient en fait celles d’un film projeté dans un cinéma, devant un public inattendu réagissant à un détail de scénario ne l’étant pas moins…

Un goût pour l’absurde resurgissant, de façon plus creusée, dans The End (photo ci-dessus), où Charlotte Rampling, dans son propre rôle, découvre devant son poste de télévision diffusant l’un de ses grands films, On ne meurt que deux fois de Jacques Deray (1985), qu’elle y a été comme effacée et remplacée par une autre actrice, plus jeune (“la-nouvelle-Charlotte-Rampling”, en l’occurrence !), aux côtés de Michel Serrault ! Elle enquête et découvre alors qu’un procédé inimaginable a été inventé par les producteurs pour rajeunir certains interprètes, les comédiennes en premier lieu, ce qui prend une toute autre dimension en ces temps post-affaire Weinstein. Signalons que Benjamin Parent avait co-écrit ce film et que l’autre Benjamin cette fois impliqué dans l’histoire, Voisin, a joué dans le propre premier long de celui-ci, Un vrai bonhomme (2020), ce qui est sans doute tout sauf un hasard…

Dans l’absolu, Didier Barcelo a un certain don pour faire passer une situation improbable pour crédible, c’est le cas aussi dans En roue libre, où le personnage de Marina Foïs, tout d’un coup, est incapable de sortir de l’habitacle de sa voiture, pouvant à peine se décoller de son siège conducteur pour se planquer à l’arrière quand un type armé force la voiture pour la voler. Du coup, un drôle de duo part sur les routes et la narration parvient à dépasser le côté artificiel de son postulat et des passages quasi obligés du genre – le road-movie, donc – avec ses moments de tensions ou de rapprochements (amicaux, en tout cas) entre les protagonistes, ses coups de théâtres et ses rencontres hasardeuses, aussi. À ce titre, l’irruption d’un psy présumé, joué par Jean-Charles Clichet, est d’une drôlerie assez irrésistible. 

Comme quoi le passage au long peut parfois attendre et s’avérer plutôt probant, ce film-là le prouve aisément, d’autant qu’il est toujours agréable de prendre le chemin de la mer… Surtout avec Christophe Beaucarne à la photo et surtout en Volvo Break !

Christophe Chauville

Photos d’En roue libre : © Stéphanie Branchu.

À voir aussi :

- Ce n’est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent, co-scénariste de The End.

À lire aussi :

- Sur Un vrai bonhomme, avec Benjamin Voisin.

- Un court métrage avec Marina Foïs : Franck-Étienne vers la béatitude de Constance Meyer.