En salles 10/03/2023

Nayola : souvenirs d’une guerre lointaine

Au sein d’une grosse semaine de sorties, ce n’est pas le film le plus médiatisé, mais ce long métrage d’animation franco-belgo-néerlando-portugais mérite d’être découvert.

Sélectionné au Festival du film d’animation d’Annecy l’année dernière, Nayola plonge dans l’histoire coloniale du Portugal, se déroulant en Angola, ex-possession lusitanienne en Afrique, son récit (inspiré d’une pièce de théâtre, A caixa preta d’Eduardo Agualusa et Mia Couto) se déployant autour de trois figures féminines liées à trois générations successives et confrontées à la situation politique du pays, à savoir une guerre civile sans fin, s’étalant sur un quart de siècle et ne s’étant achevée qu’au début des années 2010.

À cette période, on s’attache à suivre Yara, adolescente rebelle et faisant du rap, donc une activité hautement subversive, qui vit avec sa grand-mère tandis que sa propre mère, Nayola, a disparu en cherchant son mari, combattant durant ce terrible conflit ayant laissé tant de traces.

Les époques s’entrechoquent, des apparitions oniriques perturbent le présent et la vie de ces femmes, pour une narration fiévreuse et portée par une animation superbement soignée, à la fois en rendus 2D et 3D, oscillant entre les teintes chaudes et ocrées des paysages de désert d’Afrique australe et les bleutés nimbant les scènes nocturnes où pointe souvent le danger. 

Précisons que Nayola est le premier long métrage de José Miguel Ribeiro, cinéaste d’animation lusitanien né en 1966 et déjà expérimenté, puisqu’auteur d’une dizaine de courts métrages au préalable.

Christophe Chauville



À lire aussi :

- Le prochain rendez-vous d’Animation en courts, le dimanche 19 mars