À la une 25/11/2020

Laure Calamy vue par celles qui l’ont filmée

En “bonus” de choix au focus que nous lui dédions cette semaine, nous avons demandé d’écrire quelques lignes au sujet de Laure Calamy aux réalisatrices l’ayant dirigée dans les courts métrages présentés, ainsi qu’à Caroline Vignal (pour Antoinette dans les Cévennes).

Caroline Vignal
 
Je n’avais encore jamais travaillé au long cours avec des acteurs professionnels avant Antoinette dans les Cévennes (photo de bandeau), et mon premier long métrage (interprété par des adolescents sans expérience) remontait à très loin (Les autres filles, sorti en 2000, ndlr). Sur la préparation et le tournage d’Antoinette…, j’étais intimidée, tendue, concentrée.
J’ai eu très tôt l’intuition que Laure Calamy serait une Antoinette fantastique. Dès les toutes premières répétitions, dès la lecture du scénario que nous avons fait avec elle et les autres comédiens du film, dès les essais caméra, le travail sur les costumes et la coiffure, j’ai compris sans vraiment me le formuler que la meilleure façon de la “diriger” serait de la regarder et de ne pas trop en dire. Elle n’aime pas parler de psychologie et moi, ça me va très bien.
Je crois que c’est Claude Chabrol, sans en être certaine, qui disait qu’“on ne dirige pas les acteurs, on les choisit”. Je suis d’accord, et j’ajouterais que la “direction” est en quelque sorte contenue dans le scénario ; les dialogues, la ponctuation, les didascalies, c’est de la direction. Laure et moi, ce sont les mêmes choses qui nous font rire, nous émeuvent, nous révoltent. J’ai su tout de suite qu’elle comprenait totalement le personnage d’Antoinette. Des amis lui disent après avoir vu le film : “J’ai eu l’impression de te voir !” ; et mes amis à moi me disent la même chose ! Je crois que, de manière un peu magique, Antoinette nous emprunte un peu à chacune…
En regardant Laure, on retrouve le sens premier du mot : elle joue vraiment, avec le sérieux et la jubilation d’un enfant. Et à la fois, elle est très, très pro, très perfectionniste.
Laure, c’est un corps à la fois burlesque et hyper sensuel, c’est une voix, un visage hors mode – parfois, elle me faisait penser à Lillian Gish, avec ses grands yeux, son nez en trompette, sa petite bouche – qui se laisse traverser par toutes les émotions, et nous les transmet avec une générosité totale ; c’est un mélange de sensibilité extrême et d’énergie féroce.


 
Cécile Ducrocq
 
La première fois que j’ai vu Laure, c’était sur scène. Et pourtant, je n’aime pas le théâtre : neuf fois sur dix, je m’y ennuie. Mais là, j’ai été conquise. Par elle. Son énergie, sa force, sa drôlerie. À l’époque, je préparais mon court métrage La contre-allée (photo ci-dessus). Et je me suis tout de suite dit : “C’est elle que je veux ! Et personne d’autre.” Heureusement, elle était d’accord avec moi...
Laure, c’est un rêve de comédienne : très investie et en même temps très cool. Je ne pense pas que le plateau d’un tournage doit être une cour de récréation, mais il est important de travailler dans une certaine harmonie. Et Laure y participe. Dans La contre-allée, il y avait beaucoup de scènes de sexe, avec des comédiens non professionnels : c’était compliqué et Laure a rendu tout ça très simple.
Elle est tellement inspirante que j’ai écrit mon premier long, Une femme du monde, en pensant à elle. C’est une joie de la retrouver.
Laure, elle pétille de partout. C’est un éclat de rire permanent.


 
Blandine Lenoir
 
Nous nous sommes rencontrées il y a une dizaine d’années, et nous avons eu très rapidement envie de travailler ensemble.
Elle fait partie de mon univers maintenant, en trois films (L’Amérique de la femme, Zoulou en 2013 – photo ci-dessus – et Aurore en 2016, ndlr), elle a pris une jolie place. J’écris en pensant à elle, elle est comme une coscénariste tant sa singularité me stimule.
Travailler avec elle est passionnant et excitant. Tout se fait dans la joie et la concentration. Son énergie est éblouissante. Elle est une alliée de la mise en scène. Sa créativité est immense. Comme beaucoup d’actrices venant du théâtre, elle aime le travail, chercher, recommencer, proposer, trouver quelque chose qui nous éblouit, dans le travail collectif.
Laure m’émeut autant qu’elle me fait rire, j’adore son regard, j’adore son corps, très présent dans son jeu-clown émouvant.
Nous sommes devenues très amies, nous avançons ensemble.
Elle est l’héroïne de mon prochain long métrage, que nous tournerons cet été, et je m’en réjouis comme d’une fête.


 
Marie Madinier
 
Je me souviens parfaitement de la première fois que j’ai vu Laure au cinéma. C’était dans Un monde sans femmes, de Guillaume Brac (2010)… Et ça a été comme un coup de foudre ! Laure y dégageait quelque chose de vivant et de très naturel. Sa malice, son énergie et sa féminité décomplexée étaient réjouissantes. Aussi, j’ai tout de suite pensé à elle pour jouer le rôle de Marianne, cette voisine espiègle que mon héros espionne honteusement.
Tourner avec Laure pour Vous m’éblouissez (photo ci-dessus) a été une expérience enthousiasmante. C’est une bosseuse, qui prend du plaisir dans ce qu’elle fait, qui s’amuse, joue dans le sens le plus noble du terme. Dès les essayages de costumes elle était au travail, faisant preuve d’appétit et de sérieux, de concentration et de joie communicative.
Sur le plateau, elle essaie, varie, propose et donne beaucoup… Qu’elle soit au premier plan ou perdue au fond du champ. Son intelligence, son intuition et son sens du rythme m’ont bluffée sur le plateau et aidée plus tard dans l’écriture.
Collaborer avec elle a été une expérience joyeuse dont j’ai essayé de m’inspirer par la suite et que j’espère renouveler rapidement.

Propos recueillis (par mail) par Christophe Chauville

À lire aussi :

- Un autre court métrage incontournable avec Laure Calamy : Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne.

 Photo de bandeau : © Julien Panié – Chapka Films / La Filmerie / France 3 Cinéma.