En salles 29/03/2017

Un autre côté de l’espoir

Du court au long, c’est le tour cette semaine de Lidia (Leber) Terki, à travers le chaleureux et touchant "Paris la Blanche".

Alors que Paris la blanche, son premier long métrage, débarque dans les salles, Lidia Terki semble avoir déjà eu plusieurs vies. Elle avait d’abord fait ses armes à différents postes sur des tournages, au décor ou à la production, puis en tant qu’assistante à la mise en scène. Son passage à la réalisation, pour Mal de ville en 1998, fut assez nettement remarqué, notamment à travers un Prix spécial du jury et la Mention spéciale de la presse au festival Côté court de Pantin. Nous avions alors rendu compte dans Bref (n°39, hiver 1998) de cette variation sur la solitude urbaine prenant des accents sérieux, et même cliniques, pour une jeune fille éprouvant d’énormes difficultés à quitter le petit appartement sous les toits qu’elle occupait pour parvenir à s’immerger dans les rues de la capitale, ses bars et ses lieux de vie. Revoir le film aujourd’hui s’avère d’autant plus émouvant que sa jeune actrice Véronique Octon, également appréciée à l’époque dans Seule d’Érick Zonca, devait disparaître prématurément, la même année, à l’âge de vingt-huit ans seulement.

Ensuite, il y eut d’autres courts, moins exposés quoique dignes d’intérêt également, parmi lesquels La mirador, qui suivait une gamine perturbée de treize ans et fut sélectionné à son tour à Pantin en 2004. Suivirent des clips, un documentaire et, donc, ce Paris la blanche longuement mijoté et montrant toute la sensibilité d’une cinéaste choisissant cette fois de brosser le portrait, non plus d’une jeune femme ou d’une adolescente, mais d’une épouse quittant à l’automne de sa vie sa Kabylie natale pour retrouver en région parisienne son mari parti depuis de nombreuses années et ne donnant plus la moindre nouvelle.

Dans ce rôle, Tassadit Mandi est prodigieuse, bouleversante d’abnégation et de finesse. Ce très beau personnage se voit secouru sur son chemin par le petit peuple rencontré à Pigalle et qui, par pure compassion et sans compter, se met en quatre pour que la réussite du projet intime de la septuagénaire soit aussi le sien. À une époque où certaines propositions politiques brandissent le repli sur soi comme unique perspective, la générosité de cette voix est un véritable baume, au cœur et à l’âme.


Christophe Chauville
 

Filmographie courts métrages

Mal de ville (1998, 13 min)
Notre père (1999, 26 min)
Mains courantes (2001, 7 min)
La mirador (2004, 46 min)
Sextoy Stories (2014, 52 min)