En salles 27/03/2017

Sitaru, jamais fixé entre court et long

Le Roumain Adrian Sitaru, quarante-cinq ans, alterne les formats avec une régularité métronomique. Son dernier long, "Fixeur", est en salles cette semaine.

Derrière les désormais tutélaires Mungiu, Puiu ou Porumboiu, on sait bien que le cinéma roumain ne manque pas d'autres éclatants talents, un peu moins connus et/ou mis en valeur dans les grands festivals internationaux. Quoique...

Fixeur d'Adrian Sitaru a ainsi tout de même été sélectionné au TIFF, à Toronto, l'an dernier, avant de recevoir deux prix au festival de cinéma européen des Arcs. Le cinéaste y suit un journaliste roumain guidant une équipe de télévision française venant recueillir le témoignage d'une prostituée mineure et la question passionnante de la manipulation médiatique et de l'éthique à conserver ou non se pose au fil de l'enquête, aboutissant à une séquence d'interview admirablement mise en scène, comme l'école roumaine nous y a habitué depuis quelques années. Les acteurs y sont admirablement dirigés, en premier lieu la jeune Diana Spatarescu dans le rôle de la malheureuse provinciale embarquée dans un réseau international de prostitution.

On retrouve la force des dispositifs expérimentés sur Picnic (2008) ou Illégitime (2016), ainsi que dans une flopée de courts métrages tels que Vagues, récompensé du Pardino d'or à Locarno en 2007 (cf. Bref n°83) et surtout Counterpart, réalisé en langue anglaise (2014, cf. Bref n°112), qui assoient un peu plus, chacun leur tour, la réputation de ce pénétrant observateur de l'époque, et pas seulement dans son pays, mais à l'échelle de l'Occident toute entier, les liens complexes entre l'ouest et l'est étant parfaitement sondés via les problématiques au coeur de la narration de ce Fixeur troublant et finalement glaçant.

Christophe Chauville